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Le Mariage de Figaro

+ d'infos sur le texte de  Beaumarchais
mise en scène Rémy Barché

: Note d’intention

Dans une scène que Beaumarchais a retranchée de la version finale de sa Folle Journée, on voit Chérubin et Bazile, le maître de musique, répéter une chanson bruyante et insipide pourtant destinée à honorer la future mariée. Figaro les interrompt brutalement. Atterré par leur manque d’inspiration, il se lance dans une improvisation virtuose, sorte de slam délirant, pour leur montrer comment, à partir des quelques motifs poétiques dont ils disposaient, ils auraient pu enflammer la jeune femme. Cette scène ouvrira notre spectacle. Elle dit tout de l’ivresse dans laquelle Beaumarchais a manifestement composé cette Folle Journée, véritable espace de liberté où l’écriture ne cesse d’être acte de jouissance. Intrigues et rebondissements au-delà du raisonnable, plaisir du trait d’esprit, joutes verbales impitoyables, tirades virtuoses.... (Le plus long monologue du théâtre classique français, c’est celui de Figaro !) Cette démesure, cet appétit, cette énergie de l’écriture, dont Beaumarchais a saoulé ses personnages rendent la pièce absolument irrésistible.


Je pense à trois films : La Règle du Jeu, Marie-Antoinette et Le Loup de Wall Street. Des personnages qui dansent sur un volcan. Quelque chose est insupportable dans leur monde, mais on prend tant de plaisir à leur danse que l’on a presque envie qu’elle ne s’arrête pas. Ce paradoxe est à l’oeuvre dans Le Mariage de Figaro. On a un peu vite qualifié la pièce de pamphlet révolutionnaire. Dans la vie, Beaumarchais a tout fait pour s’attirer les faveurs de la noblesse. Lorsqu’il met en scène Figaro et sa bande dans La Mère coupable, la révolution est passée, et tout le monde s’ennuie royalement. La gaieté et la volupté avec lesquelles il raconte la vie de château me semblent tout aussi intéressantes que la colère avec laquelle il dénonce ses dysfonctionnements et ses hypocrisies. Cette ambivalence me semble très actuelle : nous ne sommes pas prêts à nous défaire des attributs et des pouvoirs que nous dénonçons pourtant avec lucidité.

Rémy Barché

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