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Le Malade imaginaire ou le silence de Molière

mise en scène Arthur Nauzyciel

: À propos de la recréation

Les morts ne vont nulle part. Ils sont tous là.
Chaque personne est un cimetière
Un vrai cimetière
Où reposent nos grands-mères et nos grands-pères,
Le père, la mère, l’épouse et l’enfant.
Tout le monde est là. Tout le temps.
– Isaac Bashevis Singer



Le point de départ et d’aboutissement du Silence de Molière est l’image énigmatique de la fille unique de Molière, Esprit-Madeleine Poquelin, dont toute l’existence fut entourée d’un profond silence. C’est le récit d’une enfance au sein d’une famille d’acteurs, un monde de deuils, de jalousies, de colères, d’amour et de théâtre. Esprit-Madeleine se raconte et raconte son père. Cette histoire, placée au centre du Malade imaginaire, est une déflagration de la pièce que l’on croit connaître et qui en révèle une autre, intime et secrète, faite des liens père/fille, maître/élève, metteur en scène/acteur.


Dans ce testament théâtral, cette confession voilée, il n’est finalement pas question de médecine, ou alors de celle qui, à l’orée de la mort, répare et guérit les âmes et les cœurs trop lourds. Cette médecine, c’est l’Art, ses médecins sont les acteurs, ceux « qui écrivent sur le sable », comme le disait Antoine Vitez, celui avec qui j’ai découvert le théâtre, qui a été mon professeur, et qui aurait pu être notre Argan...


Le Malade imaginaire ou le silence de Molière était mon premier spectacle. Nous l’avons créé il y a 23 ans au CDDB-Théâtre de Lorient en mars 1999. Il a ensuite été joué jusqu’en 2008 avec une distribution en partie renouvelée, en France, en Russie, en Islande. Les dernières représentations ont eu lieu au CDN d’Orléans dont je venais alors de prendre la direction. Spectacle sur l’intime, l’abandon de la mort, la mémoire et la transmission, mêlant la vraie vie au théâtre, ou le théâtre à la vie, il réunissait mon propre père et des actrices et acteurs amis.


Aujourd’hui, 15 ans plus tard, nous allons lui redonner corps, souffle et vie. Parce qu’il est actuellement impossible de revoir une première mise en scène, je souhaite offrir à une nouvelle génération de spectatrices et spectateurs la possibilité de s’inscrire dans une histoire, de tisser des liens d’une création à l’autre, de découvrir le spectacle fondateur, celui qui contient déjà tous les autres.


Aujourd’hui, nous le reprenons avec Laurent Poitrenaux qui en était l’interprète principal au moment de la création. Avec Catherine Vuillez qui était Esprit-Madeleine. Et alors que je jouais Thomas Diafoirus le fils, je vais maintenant reprendre le rôle de Diafoirus le père que jouait mon père, maintenant disparu. Le reste de la distribution est constituée d’une nouvelle génération d’actrices et d'acteurs, issus de la promotion 10 de l’École du TNB, première promotion dont nous avons eu la responsabilité avec Laurent Poitrenaux. Ainsi, nous allons jouer ce spectacle avec nos premiers « anciens » élèves.


Recréer ce spectacle, c’est raconter cette aventure unique, un parcours artistique, mais aussi déléguer une expérience et passer un relais à une autre génération. L’histoire de transmission, de troupe, d’héritage, de fantômes, qui est au cœur de la pièce, s’épaissit de la durée et de toutes ces années passées à jouer et mettre en scène, et rejoint celle de nos vies. Un classique est une mémoire du futur, la convocation au présent de ce qui est passé et dans l’écart, une humanité d’hier rencontre et se confronte avec celle d’aujourd’hui. La reprise de ce spectacle en est la confirmation.

Arthur Nauzyciel (novembre 2021)

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