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: Premières notes de mise en scène

Il y a cet homme qui défait ses valises, se pose un moment, prend le temps de regarder l’autre, cette « elle » qui va disparaître.
La chambre.
Leur chambre.
Des fenêtres entrouvertes.
Du silence.
Leur parole, une langue minérale qui se risque pourtant à la sensualité, sur un fi l tendu entre minimalisme et lyrisme.


Le temps qu’il faut pour qu’ils se rejoignent. Des parcours l’un vers l’autre mais pas linéaires, retours en arrière, deux pas de côté, esquives, chausse-trappes du désir, de la guerre, terrains minés.
Il faudra bien qu’à un endroit ces deux corps se rejoignent, s’empoignent.
Parce que ces deux là ont un corps, vibrant encore, aimant vraiment, autour de la Garonne violente et sale, remplie de boue et de sable, un Gange à portée de main, une langue qui charrie tout à la fois l’ odeur des fl eurs, des cris d’oiseaux, les fracas des bombes, les lumières et les ombres.


Comment faire pour que le temps fasse effraction, que la mémoire se mette concrètement en marche, que le passé redevienne présent, si tant est que le théâtre soit un lieu pour faire parler les morts ?


Pendant longtemps on ne verra que leurs yeux, leur regard.
Lui qui a regardé souvent la mort en face, avec l’espoir et la croyance, comme le dit Susan Sontag, que la photographie puisse libérer le monde en libérant le regard. Il est là, désarmé, regardant la mort en marche, pendant qu’elle, se demande quel regard elle aura lorsque la mort fermera ses yeux.


D’abord se reconnaître.


Des yeux dans la pénombre, des silhouettes qui se cherchent jusqu’à l’éclair du sentiment amoureux retrouvé, jusqu’à la noce, renouvelée.


Piano, piano. Une lenteur sourde et légère.
Le temps de l’approche nécessaire, le temps que met la parole à reconstruire, une parole juste qui relit le passé.


Eclairer les points aveugles, les recoins cachés, ce traumatisme premier, la guerre d’Algérie, le bruit de cette balle qui perfore la tête du suicidé, quand curieusement le massacre fait relâche...


Moments de surexposition. Visuels et sonores.


Comment ils se démunissent, lui de son objectif, elle des photographies collectées, pour se regarder.
Une mise à nu.


Et puis se dire qu’au au lieu de « monter » un texte, il suffi t d’accepter de descendre jusqu’à lui, de retrouver cette simplicité lumineuse qu’il porte en lui en tentant de la faire advenir entre hasard et nécessité, avec sa part d’inconscience et de travail mesuré.

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