Dans la continuité du projet de casse d’un musée de Le Corbusier se terminant sur un effondrement (Archivolte), David Séchaud élabore une réflexion en creux sur l’importance de la ruine, au cœur de sa nouvelle création, Le Gonze de Lopiphile. Un comédien, une acrobate et un musicien se prêtent à une expérience : s’inventer archéologues pour recomposer l’histoire d’un paysage mystérieusement abandonné en enquêtant sur des débris qui les mèneront aux origines de l’architecture et de la technologie. Dans le monde en ruine proposé par le metteur en scène-scénographe, les analyses de la petite troupe ne sont pas toujours très honnêtes. Quelque chose du délire affleure et les contamine. Ils se retrouveront peut-être pris au piège, suspendus par les pieds dans une forêt de signes qu’ils ne sauront plus déchiffrer. L’origine du spectacle tient à un ouvrage de la Renaissance, Le Songe de Poliphile qui offre un nouveau rapport à l'espace, une fascination pour les strates du passé. David en fait un spectacle en forme d’enquête absurde. Une perte dans les méandres des hypothèses pour requestionner notre fascination pour l’Histoire, la science et les objets qui nous ont été légués. Comme souvent dans les pièces de la Cie Placement Libre, l’écriture est ouverte et chaotique. Se dégage du plateau une poétique décalée où la prise de risque et la catastrophe sont parties prenantes du processus. La nécessité d’échouer pour mieux réussir s’avère, toujours, des plus essentielles.