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Le Garçon sort de l'ombre

mise en scène Jean-Marie Besset

: Un auteur est né

A l’automne 2011, la pièce «Frontière» de Régis de Martrin fut versée, avec trente autres, au premier comité de lecture en public (GOP-Grand Oral de la Pile) que j’avais inauguré à Montpellier, au Théâtre des 13 vents. Là, elle fit sensation.
Le critique Jacques Nerson, l’universitaire Gérard Liéber, la traductrice Karin Espinosa, le metteur en scène Gilbert Désveaux, étaient unanimes. Frontière était la révélation du premier GOP.
Quelques lectures plus tard, Désveaux et moi avons décidé de programmer la pièce au festival NAVA 2011.
Le 17 avril 2011 lecture à Paris, chez l’ami Philippe Harrouard, d’une deuxième pièce de Régis, «Le Garçon sort de l’ombre». Je croyais la connaître. J’avais aidé l’auteur à l’élaguer. J’avais entrevu que c’était bien, cette pièce, mais par cette belle après midi d’été, alors que j’étais désormais si peu à Paris, c’est à contrecoeur que je m’enfermai dans ce cabinet de lecture...
Ce fut un éblouissement. C’était beaucoup mieux que bien. Il y a toujours du prodige, de l’émotion à reconnaître dans un texte les lois mystérieuses et si anciennes de l’écriture théâtrale, le souffle, l’inspiration, la singularité, le style, la construction, l’originalité. A identifier un pair. Voilà. Ça faisait longtemps. Je me suis pris à songer à O’Neill pour l’ampleur épique dans l’intime, à Koltès pour l’exotisme dans le familier, à Cocteau pour les Parents terribles… et puis j’ai réfléchi que ça ne ressemblait à rien, que c’était tout simplement du Régis de Martrin. Un ton nouveau avec lequel il faudrait désormais compter.
Une histoire de jeune homme aux prises avec sa mère, aux abords de l’âge d’homme –à deux semaines de passer le bac. Sauf que le bac, lui, le garçon, il n’en a rien à foutre. Il erre la nuit, il rôde, dans la quête d’un père embarqué à bord d’un sous-marin, d’un grand frère dealer paré de toutes les séductions de la délinquance et de la liberté. Il passe ses nuits à courir, vers le phare, vers le cabaret. Il rencontre des êtres qui ont l’air libéré et adulte, une putain, un marin… mais qui sont asservis et n’ont rien à lui apprendre, plutôt tout à lui prendre. Il est farouche. Il ne se laisse pas attraper comme ça. Pourtant il fait l’erreur de toujours retourner à son point d’ancrage, chez lui, chez sa mère. Une mère qui fume clope sur clope, qui fait les cartons, et n’aspire qu’à partir, à fuir, à tout quitter, et qui répète ça, jusqu’à s’en étourdir, jusqu’à devenir folle, jusqu’à un rêve de Piéta. Partir mais garder son garçon auprès d’elle. A tout prix.


Voilà. Il est évident désormais qu’il faut permettre à ce texte d’éclore. Le porter à la scène. J’en ai les moyens, l’outil idéal : ce sera le CDN de Montpellier. J’avais 28 ans quand Jacques Lassalle m’a annoncé qu’il allait créer ma « Villa Luco » dans son Théâtre National de Strasbourg. Il avait alors 51 ans. Je vous présente Régis de Martrin Donos. C’est un auteur de 23 ans. Voici que j’en ai 51.

Jean-Marie Besset

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