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Le Funambule

+ d'infos sur le texte de Jean Genet
mise en scène Julien Fišera

: Note sur le texte

En 1955, Genet rencontre Abdallah Bentaga, acrobate algérien. Cherchant à faire de son ami un funambule d’exception, Genet l’invite à suivre des cours auprès de professeurs prestigieux, le fait lui-même répéter, le met en scène et s’investit éperdument dans son entraînement. Sa passion pour l’art du funambulisme et son amour pour ce jeune acrobate le pousseront à écrire ce court texte initialement intitulé Pour un funambule.


Écrit à deux périodes distinctes, à près de vingt années d’intervalle, Le Funambule est composé de 46 fragments, alternant séquences en adresse directe et une dizaine de passages en italique à la première personne. Le texte témoigne avant tout de l’enthousiasme et de l’émerveillement que le narrateur a pu ressentir levant la tête au cirque, guettant la « splendide apparition », emporté par un danseur de corde passant « de merveilles en merveilles ».


Or, si Le Funambule s’apparente à une suite de conseils pour un apprenti funambule, c’est avant tout un art poétique, un traité dialogué qui se fait théâtral. Le Funambule ouvre ce qui pourrait s’apparenter à un triptyque sur la création et le travail de l’artiste.
L’Atelier d’Alberto Giacometti (1957) et Le Secret de Rembrandt (1958) s’engagent dans les pistes proposées par Le Funambule (1957), avant tout l’image de la blessure dans laquelle doit nécessairement se retrancher l’artiste.


Cette « région désespérée et éclatante où opère l’artiste », est, pour Genet, à l’origine de toute création. Cette blessure est incommunicable et elle signe la solitude de chaque être. Le dépouillement dans la solitude serait le lot et la singularité de l’artiste, qu’il soit funambule, sculpteur, peintre, poète ou comédien.


Si pour Genet, le mode d’existence de l’artiste doit être cette solitude « désertique », c’est qu’elle est à ses yeux la condition de la recherche d’une image parfaite de lui-même. Cette entreprise narcissique engendre une souffrance qui, chez l’artiste, est incandescence. Elle est ce à quoi nous –« les carreleurs et les notaires » ironise Genet– sommes venus assister.


Genet appelle à la mort à soi-même de l’artiste, se présentant « chaque soir, pour soi seul ». Pour que ce soit le fil qui fasse danser l’acrobate, il faut que le funambule ne soit plus.

Julien Fišera

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