Ma relation passionnée à l’écriture de Genet et à ce texte en particulier m’a amenée à l’idée que ce projet devait être simple, concentré. Précis. J’ai souvent eu besoin que les plateaux sur lesquels se déroulent mes spectacles soient vides, comme pour d’autant mieux isoler, mettre en valeur, les êtres. Le vivant. L’acteur, son texte et leur relation d’intimité. Les subtiles vibrations de cette relation. Et pour que les quelques tables, chaises ou accessoires qui s’y trouvent aussi parfois, ne soient remplis que de leur propre présence et de leur charge symbolique, métaphysique. Ici ce besoin se fait impérieux.
Le texte est magnifique : Un poème adressé.
Il est en partie composé de petits îlots de récits, adressés au lecteur (au public), qui témoignent de la relation de l’auteur à Abdallah, de son expérience de spectateur, de différents conseils ou réflexions qui alimentent son propos, mais il s’adresse le plus souvent directement à Abdallah (à la deuxième personne du singulier).
Nous avons fait en sorte que le texte soit amoureusement adressé, afin d’être entendu. Ils sont donc deux sur scène, le récitant et celui qui reçoit cette parole.
Afin de donner à voir ce qui ne se voit pas, la relation entre deux êtres, l’amour qui les unit.
Je ne souhaitais pas que l’on représente Abdallah, ou encore « un funambule ». Le funambule dont parle Genet est sublime, mythique, métaphorique…
Il s’agit donc d’un jeune homme assis sur une chaise et qui écoute.
La lumière du spectacle est constituée d’une enfilade d’une vingtaine de projecteurs alignés sur une simple perche située sur le côté cour du plateau, une ligne horizontale de lumière, un fil.
Dont l’intensité augmente jusqu’à son maximum progressivement durant tout le spectacle.

Sur scène, un acteur debout et un acrobate assis sur une chaise.

Cédric Gourmelon