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Le Cours classique

mise en scène Sandrine Lanno

: Note d'intention

de Sandrine Lanno

Pourquoi avoir voulu adapter Le Cours classique pour la scène?


Pour trois raisons essentielles : la langue d’Yves Ravey, le sujet abordé et la manière de le traiter.

La langue tout d’abord. Sa particularité c’est qu’elle nous prend par la main et, mot après mot, phrase après phrase, elle nous entraîne dans les méandres de la pensée de l’auteur, sans savoir vraiment où cela nous mène, mais aussi sans pouvoir résister à l’envie de continuer à écouter les histoires qu’elle nous raconte. Et finalement, ce texte dense aux allures volontairement grises et lentes, dont on ne perd jamais le fil, finit par capter toute notre attention, inexorablement, jusqu’à la transformer tantôt en colère sourde tantôt en rire sonore.


Le sujet ensuite. Stéphane et Michaël, deux collégiens du cours classique du Collège Trinité, suivis de tous les élèves de leur classe, ont fait boire la tasse à leur professeur d’anglais, Monsieur Pipota, accompagnateur au cours de natation. Après cet incident, le censeur des études instruit une enquête pour élucider le comportement des élèves et l’attitude du professeur : simple chahut ou tentative d’assassinat ? C’est donc une véritable enquête qui va se dérouler sous nos yeux, avec le suspense lié à toutes affaires d’investigation. Tout au long de cette pièce quasiment policière, deux personnages, Conrad Bligh (professeur principal ainsi que professeur d’acquisition des savoirs de la classe du cours classique) et Jean- François Saint-Exupéry (censeur des études du collège Trinité) font face aux élèves, à la principale du collège, à des membres d’une commission et leurs points de vue sur le déroulement de l’incident ainsi que sur les responsabilités de chacun des protagonistes dans cet événement s’affrontent. Censeur et professeur ne cautionnent pas le comportement des élèves meneurs, mais leur logique pour expliquer et sanctionner la faute grave s’oppose. Le censeur veut punir sévèrement par une exclusion définitive alors que le professeur veut sanctionner tout en laissant une dernière chance.


Heureusement, Yves Ravey ne reste pas dans une vision manichéenne, simpliste et tranchée de cette histoire, avec les méchants élèves d’un côté et les bons professeurs de l’autre. Sa manière subtile de traiter ce sujet, en mettant surtout en scène les comportements humains dans leur rapport à l’autorité et au pouvoir, en questionnant la médiocrité de la nature humaine et le talent de ceux qui cherchent à la contraindre, m’a séduite.


Le croisement de ces deux axes, l’investigation sur l’incident avec l’analyse des comportements humains donne de l’épaisseur à l’enquête et rend chaque tentative d’éclaircissement de la situation plus obscure et plus trouble encore. En effet, au fur et à mesure que les personnalités se révèlent, les explications sur l’événement sont déformées au service des thèses de certains des protagonistes. Minutieux délire ou réalité des faits ? La vérité n’est pas toujours aussi simple et évidente qu’il n’y paraît. De rebondissements en enlisements cocasses, où cruauté et humour se côtoient sans cesse, la situation devient fascinante et finit par capter toute notre attention. Une pièce hypnotique.


Sandrine Lanno

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