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Le Colonel-Oiseau

mise en scène Didier Bezace

: La pièce

"Qu'un fou s'élève comme un demi-dieu, sa folie est au moins conséquente ; mais se croire un insecte et ramper fièrement sous l'herbe, c'est à mon gré le comble de l'absurdité".
J.J. Rousseau - lettre 4 - Pléiade p. 1100


"Le regard est toujours virtuellement fou : il est à la fois effet de vérité et effet de folie. Quiconque regarde droit dans les yeux est fou".
R. Barthes - La chambre claire p. 175


"Je ne suis pas fou, mon frère - on est pas fou quand on trouve un système qui vous sauve - on est rusé comme l'animal qui a faim."
A. Baricco - Novecento pianiste



Une poignée d'hommes qu'une femme accompagne, repliés sur eux-mêmes en un asile en perdition exclus comme par nature du monde de l'humanité, se tournent désespérément vers le ciel depuis leurs Balkans insondables. Le ciel - le paradis que symbolise pour eux l'Europe de l'Ouest - peut faire des miracles hasardeux : il leur échoit un colis parachuté qui ne leur est guère destiné.
Le Colonel-oiseau de l'écrivain bulgare Hristo Boytchev, renvoie la métaphore fabuleuse et gravement actuelle de notre présent historique, soit le face à face final entre une petite communauté qui s'est reconstituée dans une dignité aléatoire, et Strasbourg, le coeur de l'Europe politique, terminus de leur voyage. La fable dit-elle si cette délégation improvisée - entre humour et anxiété - sera entendue ? Peut-être attend-elle toujours ?
Le théâtre pour Didier Bezace est l'art de la question. C'est pourquoi il reste fidèle à son travail de découverte des auteurs contemporains, attentif encore à un théâtre sur l'individu comme à un théâtre sur le choeur. Didier Bezace choisit délibérément de renvoyer au spectateur l'acte de résistance esthétique d'un théâtre politique et poétique.


Le choix de la pièce Le Colonel-oiseau du bulgare Hristo Boytchev par le metteur en scène Didier Bezace, repose sur les hasards de lecture d'un directeur de Centre Dramatique National qui reçoit le texte au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers, recommandé par un petit mot glissé de la traductrice Iana-Maria Dontcheva. La préférence donnée à la pièce est liée aussi au travail qu'a mené pendant deux ans, Didier Bezace avec son équipe pour la création au Festival d'Avignon de Pereira prétend d'après A. Tabucchi en 1997, l'aboutissement même d'une trilogie comprenant en outre La Noce chez les petits-bourgeois et Grand'peur et misère du IIIè Reich de B. Brecht, et Le Piège d'E. Bove.


Le Colonel-oiseau appartient à cette thématique autour de l'homme et de l'Histoire, elle fait allusion à ce qui se passe aujourd'hui dans l'Europe de l'Est. La pièce traite de l'utopie et de la situation des hommes devant leur propre histoire. Ecrite en 1995, elle ne peut échapper aux événements de l'époque touchant Sarajevo. Le texte n'en décrit pas moins la situation d'oubli, de dénuement dans laquelle se sentent le peuples de l'Europe de l'Est en général, et les bulgares en particulier. Le metteur en scène ne peut s'empêcher d'admirer la capacité d'invention dont ces êtres humains disposent pour essayer de se remettre face à eux-mêmes et face à nous.


Le Colonel-oiseau a l'allure d'une fable, d'une métaphore qui pourrait faire de la folie un thème également puisque le petit groupe d'individus qui fait l'action, est en réalité enfermé dans l'annexe d'un asile, qu'un médecin est venu rejoindre afin d'exercer sa mission. Celui-ci se rallie finalement à leur cause. L'annexe de l'asile symbolise la Bulgarie, coincée entre la Serbie et la Turquie : ce petit pays est oublié, et les bulgares qui connaissent la pièce de Boytchev -raconte Didier Bezace- font le constat en eux d'une sorte de folie, une folie du dénuement, une folie de l'inquiétude et de l'angoisse, une envie d'être écoutés.


L'Europe, une Europe des différences, représente pour le metteur en scène une envie d'échanges sur un territoire commun grâce à des passerelles que sont les auteurs. Déjà, Pereira prétend faisait état d'une hésitation entre une renaissance de l'être et un renoncement à soi, des réalités et des questionnements qu'on peut partager en Europe comme ce qui nous constituerait un fonds propre.



In programme du Festival d'Avignon 1999

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