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Le Cid

+ d'infos sur le texte de Pierre Corneille
mise en scène Yves Beaunesne

: La Querelle du Cid

La pièce a suscité à sa création l’une des plus âpres polémiques littéraires qui ait agité les esprits dans la France du XVIIe siècle. Cette « Querelle du Cid » fut à la mesure du succès, nourrie par une multitude de pamphlets composés pour blâmer l’œuvre ou pour la défendre, et secrètement dirigée par le cardinal de Richelieu ; elle trouva en son point d’orgue dans un jugement, rendu non sans peine, par l’Académie française. Finalement, ce qui choque la vraisemblance autant que la morale, c’est que le mariage de Chimène et Rodrigue est un mariage d’amour. Que l’amour puisse conduire ces deux amants, que tout devrait séparer à jamais, à se revoir, à se parler malgré tout, voilà qui scandalise les censeurs de Corneille, d’autant plus que les protestations de soumission au devoir des deux héros ne peuvent dissimuler des mouvements de tendresse passionnée.


La censure morale que Scudéry et les académiciens opposent au personnage de Chimène dans tout le cours de la pièce équivaut à une condamnation sans nuance de la place centrale faite à la passion dans Le Cid; au fond, l’on tient surtout rigueur à Corneille d’avoir prêté à son personnage féminin des sentiments en contradiction avec sa conduite, et de lui avoir permis de les exprimer par des paroles émouvantes. L’extraordinaire intensité de la pièce est intimement liée à l’outrance de la conduite des personnages, aucune de leurs actions n’étant raisonnable ni vraisemblable si l’on y regarde de près. Si l’action du Cid, par sa densité même, heurte la vraisemblance, le génie de Corneille est justement d’emporter le spectateur dans la dynamique de cette action jusqu’à lui faire oublier ce qu’elle a d’invraisemblable ; et c’est finalement cette richesse dramatique et cette intensité maintenue de bout en bout qui éblouissent, qui coupent le souffle, et donnent au spectateur l’impression d’un déchaînement non pareil d’action et de passion dans une si brève durée.


Cependant, la campagne de critiques ne parvint pas à atténuer l’éclat ni les charmes de la pièce. Scudéry ne put jamais s’expliquer les raisons d’un tel succès que par l’effet d’un mauvais sortilège qui avait brouillé le jugement de tout le monde, hormis les ennemis de Corneille...

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