C’est une douceur de savoir qu’on n’aimera jamais moins, qu’on ne se consolera jamais, qu’on se souviendra de plus en plus.^[1]

Julie est partie faire du théâtre à la capitale. Mathieu, petits emplois de droite à gauche, est resté dans le village natal veillant jusqu’à la fin sur leur père. Quelques jours après sa mort, le frère et la sœur se retrouvent. Le Chagrin parlera d’une distance sociale creusée à l’intérieur même de la cellule familiale. Il y aura beaucoup d’éclats, mais beaucoup d’amour aussi. Car il est l’heure de parler, même mal, même à côté. L’heure de formuler l’indicible pour comprendre comment chacun s’est éloigné. Comme si les soubresauts qui suivent ce moment où la vie s’est retirée permettaient d’ouvrir la parole pour ne pas être englouti à son tour. Englouti par le deuil, comme une Atlantide dont ne subsisterait que la mémoire. Les comptes du Chagrin se règleront dans un incroyable élan de vie et dans l’espace délicieusement régressif des jeux de l’enfance.
Caroline Guiela Nguyen et Les Hommes Approximatifs travaillent à Valence depuis quatre ans. Ils font naître la parole d’improvisations conduites dans un « paysage » scénographique, et, un peu comme les scénaristes de séries, à partir d’une « bible » où sont rassemblés textes, photographies, fiches de personnages. C’est en 2013 à La Comédie de Valence qu’ils ont créé Elle brûle, une production qui sera présentée dans plus de vingt théâtres en France.