" Le Balcon " est le lieu de l’histoire, là où tout commence, tout finit et recommence, un théâtre. D’abord, il y a dehors : le monde, avec « la révolte, le feu, le fer, la merde et le sang » et puis il y a dedans : le bordel, ou plutôt « une grande maison d’illusion », avec des simulacres, des mises en scènes sévères et un ballet érotique des figures au pouvoir. Deux univers que tout semble opposer puisque enfin « entrer au bordel c’est refuser le monde ». Face au chaos, on simule la religion, on fantasme la justice, on joue à la guerre mais bientôt, les profiteurs, les mégalomanes, et les médias, à leur tour incarnés, s’imposent. Alors, pour tous, commence le combat des allégories, le grand cérémonial de la représentation, où chacun cherche son image définitive, figée, hiératique, tel le gisant sur le socle du tombeau. Leur désir suprême : jouir vivant de leur propre mort et la voir se refléter à l’infini, être au centre de la galerie des glaces.

" Le Balcon " est une ode au théâtre, où l’abject et le divin coexistent, le païen et le sacré se confondent. Comment discerner dehors et dedans, vrai et faux ? Evêque, juge, général, mac, putes, tenancières de boxon, chef de la Police, révoltés, ne sont ils pas comme nous tous, des acteurs qui se donnent en spectacle ?

Sébastien Rajon, metteur en scène