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Le 20 Novembre

+ d'infos sur le texte de Lars Norén traduit par Katrin Ahlgren
mise en scène Alexandre Zeff

: Présentation

Il y a parfois dans la découverte d’un texte un attachement soudain et étrange, une sensation d’évidence brûlante et obsédante comparable à l’emprise d’une passion amoureuse.


Pointer une arme c’est aussi tendre sa main.


Le 20 novembre 2006, Sébastian Bosse, un jeune homme de 18 ans s’apprête à commettre un massacre dans son lycée d’ Emsdetten. Depuis deux ans il prépare « sa petite révolution » avec « ses petits moyens ». Il a tout planifié, tout filmé, tout noté dans son journal. Tout est prêt à être diffusé sur internet. Il a « tout ce qu’il faut, le couteau, la ceinture de dynamite, des bombes fumigènes, des armes qu’on charge par le canon, le fusil, des munitions pour toute une ville ».


C’est à partir de ce journal intime que Lars Noren écrit « Le 20 Novembre».


Conçu comme un explosif de part l’urgence inhérente à la situation « Dans une heure et 12 minutes si ma montre déconne pas si aucune montre déconne là se sera l’heure, mon heure », sa forme courte et l’irréversibilité de l’anéantissement qu’elle provoque « Le 2O novembre » incendie un à un les mécanismes de la société moderne.


Elle pénètre la pensée dominante pour en démolir les fondements.


Comme une élégie chinoise animée par l’esclave affranchi, Lars Noren transcende en une source claire et poétique cette longue plainte revendicatrice et élève celle-­‐ci au rang d’un art fascinant.


Pour la dernière fois Sébastian prend la parole, il veut nous révéler à nous même, à notre monde. Par ses mots et ses silences, il fait jaillir ce que nous avions enfoui, ce que chaque jour nous refusons de voir. Comme lorsqu’on met la tête d’un chien dans sa propre merde pour éviter qu’il recommence à chier sur le tapis, il fait de même avec nous « avant qu‘il ne soit trop tard ». Il veut détruire le monde parce que le monde le détruit. Ce n’est qu’une légitime défense et « Personne n’est innocent », chacun à sa part de responsabilité dans ce massacre.


« On ne choisit pas d’être révolutionnaire, on le devient par la force des choses », Gilles Deleuze


Violent. Ce texte est violent, oui. Mais il est aussi d’une intelligence redoutable. Lars Noren avec une incroyable subtilité mêle clairvoyance et absurdité, images clichées et pensées originales, toutes les contradictions, les incertitudes, les craintes « du jeune homme » enfouies chez chacun de nous.


Cette pièce est un étrange miracle parce qu’elle paraît être sans concession aucune ni de l’auteur du texte ni de l’auteur du drame et la combustion de ce mélange est foudroyante.


Ainsi la mise en scène doit porter en elle même cette radicalité.


Elle doit se hisser tout en haut du mât de l’exigence, fixer une voile capable de surmonter les flots déchaînés de l’existence et garder le cap de l’invention afin que ces mots résonnent comme le chant d’une sirène et envoutent les pauvres marins dérivants que nous sommes sur l’Océan des mondes.

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