« Il y a d’abord la proposition de Myriam. Sans elle, je n'aurais sûrement pas écrit ce texte-là. Cette proposition portait sur la catastrophe écologique, sujet qui me paraissait néanmoins difficile à traiter frontalement. Je ne me suis donc pas du tout mise à écrire un texte sur la catastrophe écologique. J'ai plutôt puisé dans mes réserves, c’est-à-dire mes livres précédents, mon livre en cours. Je mets très longtemps à écrire les livres. Ça travaille pendant des années, j'écoute, je lis, je télécharge ; tout d'un coup une conversation fait que quelque chose m'intéresse, je le note. C’est un processus de décantation, où l’inattendu joue un grand rôle. Des éléments se mettent subitement en relation à des endroits stupéfiants. Puis je réécris tout du début, plusieurs fois. J’ai donc puisé dans ces thématiques déjà mûries et qui avaient du coup des quantités de ramifications de tous les côtés. Donc ensuite, il n’était pas très compliqué de les agencer.
J’ai donc proposé un premier montage de textes agencés autour du thème « Habiter ». J’ai proposé mes textes tels quels, en prose mais plutôt poétique, ou disons très écrite, et non dialoguée.

Comment tu as procédé pour passer de ces moments de récit à leur forme dialoguée ?
Ce sont les comédiens qui ont travaillé ! On a éliminé beaucoup d'histoires. Et on a gardé, parmi tous ces personnages, Justine et Géraud et Maureen et Malcolm, à partir desquels les comédiens avaient fait des impros. Et j'ai réécrit ces dialogues à partir de leurs trames... et en tenant compte aussi un peu je crois que leurs personnalités différentes, de leurs manières d’être.

Quant au titre, Laissez-nous juste le temps de vous détruire, il marque clairement qu’on est dans un combat, entre des intérêts privés d’une telle avidité qu’ils peuvent tout détruire, et l’urgence de la riposte politique. »