Imitatrice de talent, Laetitia Dosch nous emmène dans un tourbillon d’énergie et d’humour, quelque part entre Spinoza et Pierre Richard. Cette digne héritière de la génération South Park pourrait aussi bien être la petite fille de Tristan Tzara et Sim. Le One-man-show est un spectacle conçu intégralement pour faire rire, que les spectateurs vont voir parce qu’ils savent qu’ils vont rire. Et s’ils ne rient pas, ils sont très mécontents. Devant ces gens qui rient, il y a sur scène une personne, qui cinq minutes plus tôt, était en train de vomir dans les toilettes, gagnée par l’angoisse de ne pas être assez drôle, de ne pas faire assez rire les gens. C’est cette personne qui intéresse Laetitia Dosch : le personnage de l’humoriste, et les failles qu’il cache, qu’il essaye de fuir par l’humour, est pour elle le symbole de notre société actuelle, qui se perd dans le divertissement et qui l’aspire vers le fond. Ce spectacle est, à première vue, un One-Woman-Show, c’est-à-dire une personne, Laetitia Dosch, ou plutôt son double, est sur scène face à d’autres pour les faire rire. Mais ce qui va de fait se passer, c’est que ce personnage ne va pas réussir à tenir le rôle de divertisseur qu’il devait assurer. Il va se trahir, tomber le masque jusqu’à se décomposer totalement, se perdre, laissant apparaître un personnage dont on n’arrive pas à dire s’il est humain ou monstrueux. Face à lui, c’est le spectateur, qui bousculé dans des attentes, perd pied. Il est d’abord baigné dans un climat humoristique, donc un climat rassurant, et ce climat s’effondre, laissant voire l’envers du décor. Plus de rôles définis. Un nouveau rapport s’installe entre la personne regardée et celle qui regarde, un rapport plus humain.