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La Potion de réincarnation

Chia-Yin Cheng ( Mise en scène )


: Présentation

Le personnage de Dame Meng
Dame Meng (Meng Po) est une figure particulièrement marquante de l’univers bouddhiste et taoïste. Dans l’au-delà, nulle âme ne saurait prétendre à une réincarnation sans rencontrer Dame Meng et boire sa potion, un breuvage qui a pour vertu d’effacer de l’âme en passe de se réincarner tout souvenir de vie antérieure. C’est pourquoi Dame Meng, dans la croyance populaire, est connue comme « gestionnaire de l’oubli » et aussi comme « maîtresse des renaissances de l’au-delà ».
Le marionnettiste est, lui aussi, un maître des renaissances puisque, au gré des diverses pièces qu’il interprète et de leurs intrigues, il permet à une même marionnette d’incarner successivement des personnages très différents, d’acquérir une nouvelle identité et de changer de costume ainsi que d’aspect. Réapparaître dans une autre pièce, c’est, pour la marionnette, devoir changer de personnalité, devoir changer d’identité et se parer de nouveaux atours. C’est comme si, d’une pièce à l’autre, la marionnette se réincarnait, grâce au marionnettiste qui la fait accéder à une vie nouvelle, tout comme Dame Meng le fait avec les âmes dans l’au-delà. À l’aide de ses deux mains, le marionnettiste, pour pouvoir interpréter des histoires différentes, fait disparaître ou renaître à la vie tel ou tel personnage. Dans le théâtre traditionnel de marionnettes, c’est en revêtant des costumes différents que chacun des cinq caractères types – sheng, dan, jing, mo et chou – parvient à incarner des personnages différents. Ainsi le caractère type de dan, qui recouvre l’ensemble des rôles féminins dans toute la diversité des personnages, est-il généralement interprété par une même marionnette qui, en changeant de costume, pourra incarner successivement la malheureuse WANG Bao-Chuan, la redoutable PAN Jin-Lian ainsi que l’étonnante BAI Su-Zhen et ses pouvoirs magiques.
En abordant l’intrigue d’un point de vue féminin, La potion de réincarnation renouvelle radicalement l’interprétation classique des rôles dans le théâtre de marionnettes à gaine et elle les revêt d’une signification inédite. La pièce revisite en effet l’histoire édifiante de trois héroïnes traditionnelles : celle de WANG Bao-Chuan, aveuglée par sa passion pour HSUEH Ping-Gui qu’elle attend pendant 18 ans dans un état de semi-hébétude ; celle de BAI Su-Zhen, alias le Serpent Blanc, dont la nature véritable fait obstacle à ses efforts de porter secours à son époux HSU-Hsian ; celle de PAN Jin-Lian qui fait fi des convenances et de la morale, prend un amant et empoisonne son époux avant de finir elle-même assassinée, et qui n’a en fait cherché qu’à être pleinement elle-même. Les larmes que répandent ces trois femmes deviennent les ingrédients symboliques d’une potion d’oubli et de renaissance. Elles révèlent le déchirement intérieur des trois héroïnes et leur insatisfaction face à leur destin. Les monologues intérieurs de WANG Bao-Chuan, BAI Su-Zhen et P Jin-Lian, auxquels se surajoute la façon dont le marionnettiste exprime sa propre intériorité, sont ici déconstruits et réassemblés en un entrelacement qui tisse une histoire où il est question d’oubli et de renaissance, le tout dans un mélange de réalité et de fiction. La marionnette, animée par la main du marionnettiste, change de costume pour interpréter un nouveau personnage. Mais cela ne se produit pas sans que le marionnettiste n’y mêle une part de lui-même, de sa sensibilité si bien que se reconfigure en profondeur le rapport entre rôle joué et vie réelle, entre fiction et réalité.
Tout en respectant l’architecture des spectacles traditionnels, La potion de réincarnation de la Jin Kwei Lo Puppetry Company bouscule la vision que le grand public a du théâtre de marionnettes en donnant à cet art traditionnel une forme résolument contemporaine.


La potion de réincarnation – spectacle contemporain de marionnettes taïwanaises
Un adage dit que chaque minute de jeu sur la scène nécessite dix années de travail. À Taïwan, le théâtre traditionnel de marionnettes à gaine obéit dans son mode de représentation à des règles formelles rigoureuses ainsi qu’à des normes de rituel religieux. Tous les marionnettistes se soumettent à un très long entraînement et même le plus infime mouvement qu’exécute leur marionnette peut être la cristallisation de plusieurs années d’efforts. Ce n’est que dans ce cadre contraignant que le théâtre traditionnel de marionnettes taïwanaises parvient souvent à un degré étonnant de raffinement et de délicatesse. En comparaison, le théâtre occidental de marionnettes est un cheval qui a la bride sur le cou. Il peut librement emprunter les chemins qui lui plaisent pour exprimer pleinement sa créativité et sa sensibilité. La Jin Kwei Lo Puppetry Company considère que la culture est fluide et évolutive. L’histoire des marionnettes taïwanaises est plus que tricentenaire et il n’est pas dit que ce que les Taïwanais d’aujourd’hui entendent par « tradition » soit la même chose que ce que l’on entendait autrefois par ce mot. C’est pourquoi parvenir à préserver la tradition ancienne tout en créant une nouvelle tradition contemporaine constitue l’un des défis majeurs auxquels est confrontée la culture. Jin Kwei Lo Puppetry Company s’emploie actuellement à promouvoir et à transmettre les formes traditionnelles de représentation, mais afin d’élaborer un théâtre taïwanais de marionnettes qui s’inscrive pleinement dans le présent, elle se veut aussi ouverte aux « chocs culturels ».


C’est dans cette perspective que la Jin Kwei Lo Puppetry Company a demandé à CHENG Chia-Yin, directrice artistique de la compagnie « La Marionnette et son Double », d’assurer la mise en scène de La potion de réincarnation. CHENG Chia-Yin, tout comme KO Shih-Hung, troisième génération de marionnettistes de la Jin Kwei Lo Puppetry Company, est diplômée de l’Institut de Hautes Études en théâtre de marionnettes de l’Université du Connecticut. Elle y a acquis une connaissance et une pratique achevées des marionnettes occidentales et excelle depuis lors, au confluent de la tradition et de la contemporanéité, à marier dans ses spectacles des styles d’origines culturelles très contrastées. L’écriture du scénario a été confiée à CHIANG Fu-Qin, talentueuse artiste du théâtre taïwanais contemporain. Cheng Sheng-Wen, de la compagnie « La Marionnette et son Double », est chargé de la conception de la scène et des décors. La conception des lumières revient à Mohamed Fita Helmi Bin Tahir, véritable poète de l’éclairage scénique. En réunissant autour d’un même projet divers créateurs, la Jin Kwei Lo Puppetry Company affiche sa volonté d’ouvrir de nouvelles perspectives et d’explorer de nouvelles voies dans une démarche participative.

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