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Là où je croyais être il n'y avait personne

Anaïs Muller ( Conception ) , Bertrand Poncet ( Conception )


: Note d’intention

Parce qu’elle a vu la destruction du monde, parce qu’elle a vu l’homme détruit revenu des camps, Duras appelle à la destruction du monde comme solution de l’humanité. Comment pouvons-nous rationnelle- ment envisager le chaos comme moyen de reconstruction ? A l’aube de catastrophes économiques et écologiques nous ne savons plus comment croire en un monde meilleur. Selon elle, la folie serait un refus extrême des modèles. Frôlant les limites de la vie, Marguerite Duras a touché la mort. Pour se reconstruire et renaître elle est passée par la destruction, allant jusqu’au bout de ses possibles.


« Que le monde aille à sa perte, qu’il aille à sa perte, c’est la seule solution » Le camion de Duras.


Il nous faudrait donc résoudre notre « irrésolubilité », comme une ba-taille constante et quotidienne avec soi. Nous voulons nous inspirer du vide de nos existences pour en comprendre la moelle. Lacan voit dans le manque l’origine et la fin de toute existence. Nous sommes convaincus qu’en perdant le sacré, nous avons perdu des repères cruciaux à la construction de nos existences. Pour ré-apprendre à être humain, pour pouvoir faire des choix qui nous sont véritablement personnels il faudrait se libérer du savoir, des modèles, des gestus.
Se libérer des autres, puisque selon Duras suivre des modèles, se consolider sur des références ne sert qu’à masquer nos propres peurs. On s’attache à ce qu’on connait déjà, trop lâche pour plonger en soi afin d’en sortir la substance inconnue. Duras écrit sous l’influence des auteurs américains, puis s’émancipe avec Moderato Cantabile et se débarrasse de ses maîtres Hemingway, Vittorini, Beckett. Désormais c’est à l’intérieur d’elle-même qu’elle puise les forces pour écrire. Elle accomplit ainsi son virage vers la sincérité.


« Mystérieux est ce qui se met à découvert sans se découvrir » Blanchot


En décortiquant le personnage « Duras », nous plongerons dans ses abîmes. Celle-ci nous fascine, de part sa liberté d’expression, sans morale ni bien pensance, elle dit l’innommable. Néanmoins, nous ne souhaitons pas faire un biopic. En attribuant des adjectifs à Duras pour la décrire, nous la limitons, nous l’emprisonnons, car elle est ceci et cela, sans être tout à fait ce qu’elle est, elle est ce qu’elle n’est pas, quelque chose d’imprécis où tout est vague. Personnage créé de toute pièce où il est difficile de démêler le vrai du faux. Et pourtant tout pourrait paraître vrai quand on voit brûler chez elle ce désir de vivre et de lutter. Nous ne chercherons pas à la définir mais nous essayerons de parler d’elle comme elle écrivait elle-même. Nous l’invoquerons comme on appelle les fantômes, et tenterons d’incarner une partie de ce qu’elle a été. Nous retrouverons le sacré dans sa résurrection, et de la mort surgira la vie.


Nous avons questionné dans « Un jour j’ai rêvé d’être toi », l’oralité, ici, nous voulons questionner le regard. Ce qui fait la spécificité d’un artiste c’est sa façon de regarder le monde. Nous avons envie de côtoyer Marguerite Duras jusqu’à tenter de voir à travers ses yeux, pour comprendre de l’intérieur sa façon d’être au monde ainsi que son geste créatif. Il y a comme une perdition totale de ce que nous sommes pour devenir un autre. En allant sur les traces de Marguerite c’est sur notre propre chemin que nous écrivons.

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