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La Mouette

mise en scène Thomas Ostermeier

: Entretien avec Thomas Ostermeier

Propos recueillis par Elisa Leroy

Vous voyagez beaucoup entre création de textes contemporains et création de textes classiques, comme ici avec «La Mouette». Comment voyez-vous la mise en scène de pièces tellement montées ? Est-ce de l’ordre du commentaire ?


Tous les grands textes de théâtre contiennent pour ainsi dire plusieurs pièces. Cela vaut aussi pour «La Mouette». Est-ce une pièce sur le conflit entre les générations ? Une réflexion sur l’art et le théâtre ? Ou un drame sur les malheurs de l’amour ? Même si la pièce a été montée de nombreuses fois, chaque metteur-en-scène peut choisir où placer l’accent : pour moi, ce sera sûrement l’amour.


Préparer un texte en français, le répéter et le jouer en français : en quoi cela transforme-t-il votre pratique ?


J’ai déjà pu en faire l’expérience auparavant, en montant «Les Revenants», à Vidy également. J’ai aussi travaillé avec des comédiens en russe et en néerlandais ; donc avec des langues que je ne comprends et ne parle pas, contrairement au français (et contrairement à l’anglais, langue dans laquelle j’ai également déjà mis en scène). Ces expériences révèlent que finalement, ce à quoi tend ma pratique, concentrée sur le travail avec les comédiens, n’est pas uniquement de l’ordre du langage verbal. Percevoir son partenaire, et vivre une situation véritable dans le moment présent, c’est ce qui donne de la crédibilité au jeu. Au-delà du texte, et donc de la langue parlée.


Comment abordez-vous une distribution comme celle-là, justement avec des acteurs francophones, et peut-être que vous ne connaissez pas ? Qu’est-ce que vous cherchez dans un acteur/une actrice pour jouer Tchekhov aujourd’hui?


J’ai la chance de retravailler en partie avec la distribution des «Revenants», et trois comédiens avec lesquels je n’ai pas encore travaillé. La réponse à cette question est liée à la précédente : si nous «comprenons» la manière d’aborder le jeu en tant qu’échange avec le partenaire, la langue n’est pas un obstacle. Concrètement, je travaille en création avec une traductrice, qui précise mes indications lorsque c’est nécessaire.


Quelles ont été vos demandes à Olivier Cadiot quant à la traduction ? C’est la deuxième fois que vous travaillez ensemble, quelles sont les forces de votre collaboration ?


Olivier Cadiot est un ami. Je lui ai remis une version du texte que j’ai établie, et je sais que je la remets en de bonnes mains. Olivier est surtout lui-même un poète : il est important pour moi qu’il traduise en tant que tel. Et qu’il ait une sensibilité poétique à déposer sur mon univers, sur ma vision du sujet.


Est-ce que vous retournez vers lui en tant que traducteur pendant les répétitions ?


Oui, lorsque les comédiens ou l’équipe sentent le besoin de modifier un mot ou une tournure. Mais notre collaboration la plus proche se passe pendant les premiers jours des répétitions : l’ensemble de l’équipe artistique, comédiens et comédiennes, éclairagiste, scénographe, dramaturge… se regroupe autour de la table pour une lecture du manuscrit ; page par page et réplique par réplique, en présence d’Olivier. Nous avons alors l’occasion de le questionner sur ses choix, de discuter de nos réactions, des avantages et des inconvénients, et aussi de notre interprétation de la pièce, telle qu’elle est conviée par la traduction.


Quelles sont les hypothèses de travail quant à la scénographie et aux costumes de ce spectacle ?


Je préfère ne pas trop révéler avant la première… En scénographie, je retravaille avec Jan Pappelbaum, dont les décors relèvent souvent d’une certaine abstraction, pour créer une situation plutôt intemporelle que clairement située dans le temps. Il sera soutenu par une peintre. Voilà tout ce dont je suis sûr pour l’instant.


Si vous rêvez maintenant à ce que pourrait être votre «Mouette», que voyez-vous ? Comment pourriez-vous la définir, vu d’ici, vu de maintenant ?


Tchekhov lui-même a dit de «La Mouette» : «Dans cette pièce, il y a 78kg d’amour.» 78kg, soit son poids à lui. Il a donc mis toute sa personne, tout son amour dans cette pièce - mais aussi tous ses questionnements autour de la possibilité de l’amour. Ce sont sûrement ces questions-là que je voudrais principalement explorer.

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