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La Belle Parleuse

mise en scène Vanda Benes

: Le projet

Notre projet propose la mise en scène d’un certain nombre de séquences de l’ouvrage d’Alain Frontier, Portrait d’une Dame, Fiction d’après les paroles de Marie-Hélène Dhénin publié dans une version partielle de 140 pages aux éditions de la revue TXT en 1987, puis, intégralement, chez Al Dante, en 2005.


Dans Portrait d’une dame, Alain Frontier a rassemblé des centaines de phrases prononcées au jour le jour par sa compagne Marie-Hélène Dhénin, photographe. Ces phrases ont été saisies au vol par lui et consignées, au cours de divers voyages, dans de petits carnets (de son côté, Marie-Hélène Dhénin photographiait fréquemment Alain Frontier en train de noter ses paroles — certaines de ces photos sont publiées dans le livre.)
Chaque phrase, isolée du contexte où elle fut dite, est donnée telle quelle, précédée simplement de la date et de l’heure de son émission. Il s’agit donc d’un texte intégralement cité. Sa radicalité réside dans la violence douce du rapt des paroles, dans l’alignement des bribes arrachées au flux de la conversation. C’est quelque part entre le ready-made et le cut-up in vivo. Il s’agit en tout cas, au bout du compte, de tranches de langues plutôt que de tranches de vie. La transcription vole à la langue une autre langue qui en tire, du coup, le portrait : l’écriture, toute crachée.


Le texte est mis en voix par la comédienne Vanda Benes, qui occupe l’espace de jeu et y déambule. L’écrivain Christian Prigent joue le rôle (muet) de... l’écrivain, affairé dans un coin à noter les paroles du “modèle”. Plus que de “théâtre” à proprement parler, il s’agit de quelque chose comme d’une “performance”, voire d’une “installation” redéployant scéniquement le dispositif du livre.


Un prologue en vers cadencés (alexandrins de mirliton) fait fronton ou vestibule avant les épisodes, ou scènes. De même l’action se termine par un épilogue en vers (plus rapides : décasyllabes). On a voulu y raidir le texte dans une forme mécaniquement rythmée. Ces vers indiquent qu’on est dans une sorte de comédie musicale à la fois fantomatique et comique. Sans chansons ni danses, mais avec les rituelles unités de temps, de lieu et d’action : une journée recomposée dans le site d’un carnet de notes et l’homogénéité d’un flux de paroles. Deux interprètes : la parleuse, l'homme au carnet. Et le carnet lui-même, qui recèle la langue, comme trou silencieux du souffleur.

Christian Prigent

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