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La Tragédie du roi Richard II

mise en scène Jean-Baptiste Sastre

: Entretien avec Frédéric Boyer

Propos recueillis pour le Festival d’Avignon

Jean-François Perrier – Est-il nécessaire de retraduire systématiquement les pièces de théâtre ?


Frédéric Boyer – Il y a une absolue nécessité de retraduire. Antoine Vitez, dans Le Théâtre des idées, déclarait : « On est convoqué devant le tribunal du monde à traduire. C’est presque un devoir politique, moral, cet enchaînement à la nécessité de traduire. » Il faut revisiter les mots et poser un acte nouveau. Si on ne fait pas ça, on perd forcément quelque chose, d’autant que la langue de Shakespeare nous oblige à renouveler aussi notre langue d’aujourd’hui, quitte à inventer des mots nouveaux. Shakespeare a beaucoup été traduit en français. Il faut croire que c’est nécessaire.


J.-F. P. – Oui mais avant, il y avait une ou deux traductions par siècle. Maintenant, nous avons presque autant de traductions que de mises en scène…


F. B. – Mais cette volonté de retraduction n’est pas propre au théâtre. On retraduit la Bible, Don Quichotte, Sophocle, James Joyce… Nous venons après un bon siècle d’études linguistiques comparées et d’interrogations littéraires et patrimoniales sur les oeuvres et les langues. Le théâtre est un lieu privilégié dans ce mouvement, puisque les textes sont dits et les plus anciens sont ainsi convoqués à une réception vivante et contemporaine.
En ce qui me concerne, la traduction fait intégralement partie de mon activité d’écrivain. Je veux faire entendre l’oeuvre, non pas comme je l’aurais écrite, mais comme je la lis aujourd’hui, avec mes façons à moi de lire, d’écrire et de penser. Avec La Tragédie du roi Richard II, je revendique une vraie traduction et non une simple adaptation. Je cherche à faire des choix qui ne sont pas des équivalences. Il faut essayer de trouver les solutions dans notre propre écriture, dans notre propre syntaxe. Ce qui me passionne, c’est de rendre Shakespeare moins académique, plus direct, et de faire entendre l’alternance de douceur et de violence, les incertitudes du texte. Il faut détruire l’image romantique qui a été véhiculée, trop souvent dans un langage enflé et ampoulé. Mais je ne suis pas le premier à avoir voulu me situer dans ce combat.

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