La tour de la Défense revient à une expérience scientifique pour le spectateur : que se passe-t-il quand cinq personnes rejetées du monde social se réunissent dans un appartement bien isolé de toute autre source de vie pour fêter le nouvel an ?
Il y a du plaisir, d’abord. La langue inventive et comique de Copi nous fait bien entendre la jouissance que nous éprouvons à faire des choses anormales, étranges, surprenantes ; mais aussi la jouissance d’être totalement honnête, autant dans la séduction que dans le règlement de comptes ; enfin la jouissance de jouer, tout simplement : changements de costumes et accessoires improbables sont omniprésents dans la pièce.

Seulement, à la fenêtre de l’appartement on aperçoit tantôt de la neige, tantôt des feux d’artifice, une mouette, ou simplement une vue sur Paris et ses monuments. L’extérieur vit, fait envie, émerveille. Les personnages essayent parfois de sortir de la tour de la Défense. Mais, la porte de l’appartement franchie, ils finissent rapidement par revenir.
La situation est contradictoire, source à la fois de joie et de mélancolie, donnant naissance à une ribambelle d’acte festifs comme à une série de tentatives de suicide.

Nous avons travaillé avec les comédiens à ce que chaque phrase du texte rende compte de cette ambiguïté, oscillant sans cesse entre le grotesque et le tragique. Sans oublier bien sûr le plaisir de jeu, toujours fortement présent chez Copi. Le texte est constitué presque uniquement de courtes répliques entre les cinq personnages. Audelà du plaisir individuel de chaque acteur à tenir sa partition, c’est à travers un travail de choeur, la recherche d’un rythme commun, ou encore par la constitution d’images de groupe que la joie de jouer naît.

Florian Pautasso et Maya Peillon