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La Terre se révolte

mise en scène Sara Llorca

: Entretien

avec Omar Youssef Souleimane et Sarah Llorca

Sara Llorca, c’est en proie à un questionnement sur le sens de la tragédie que vous avez rencontré Omar Youssef Souleimane.


Sara Llorca : En effet, cela a eu lieu en 2016, j’étais en train de préparer Les Bacchantes d’Euripide et la question de la tragédie, ou plutôt comment rendre le tragique grec aujourd’hui, était au cœur de la dramaturgie. En même temps que je travaillais sur cette question, je suis tombée sur des interviews d’Omar à la radio. Dans l’une d’elles il disait : « L’exilé est encore plus vivant que les autres parce qu’au fond, s’il part, c’est qu’il a choisi de vivre, c’est qu’il se projette sur un avenir qu’il ne connaît pas, sur lequel il ne construit rien de précis, il n’a pas de fantasme particulier mais il sait juste que la vie le pousse ailleurs. » Et cette sensation d’être poussé ailleurs, Omar la décrivait comme un phénomène très libérateur.
Beaucoup de journalistes lui posaient des questions sur la guerre, la séparation, la souffrance intérieure et à chaque fois Omar n’y répondait pas : j’ai su plus tard qu’il ressentait ces questions comme très intrusives. Omar avait envie de parler plutôt de l’action ou de cet effet d’exil dans son corps, comme la sensation de se libérer par la marche ou par le déplacement. Pour moi, qui cherchais donc à faire résonner le texte très fort des Bacchantes, j’ai senti qu’Omar pouvait arriver comme un personnage mythique ou tragique au sens où l’entendaient les Grecs, comme une sorte de héros tragique moderne. Je lui ai écrit et il a accepté de me rencontrer.Omar


Youssef Souleimane : Je ne suis pas du tout un héros ! Mais je suis très fier que Sara m’ait contacté !


La Terre se révolte naît de votre rencontre. Pouvez-vous nous en raconter le processus ?


Sara Llorca : Nous avons passé plusieurs heures ensemble, dès la première rencontre, à essayer de nous connaître. Après ce début de conversation nous n’avons pas cessé de nous retrouver, de nous parler. Et, petit à petit, j’ai senti le désir de travailler pour le théâtre à partir de cette rencontre mais je ne savais pas comment. J’ai alors proposé à Omar d’écrire à deux et il m’a répondu : « moi je ne suis pas auteur de théâtre, je suis poète, je suis écrivain, je ne connais pas le théâtre et je crois que c’est un autre métier... Mais si tu veux on peut essayer de bricoler tous les deux. » Et donc, depuis deux ans et demi, on bricole tous les deux avec le concours de Guillaume Clayssen.


Pour vous, Omar Youssef Souleimane, comment se passe ce premier pas dans le théâtre ?


Omar Youssef Souleimane : C’est incroyable comme expérience ! Au début de 2016 j’écrivais mon livre, Le Petit Terroriste, à la Chartreuse, à Villeneuve-Lès-Avignon. Or c’est un lieu pour écrire du théâtre ! Exceptionnellement, j’y écrivais un roman, en résidence.
Quelques mois plus tard, Sara a contacté la Chartreuse pour avoir mes coordonnées et nous nous sommes rencontrés. J’ai été très flatté par cette attention qui venait d’un autre monde : ses origines espagnoles, née et vivant à Paris, moi, Syrien réfugié, seulement depuis quatre ans à Paris, ne connaissant rien au théâtre, n’ayant écrit que de la poésie et un roman. Quand Sara m’a proposé ce projet, j’ai commencé à imaginer des choses, des scènes que je n’arrivais pas à exprimer. Grâce à elle, grâce à cette rencontre, nous avons commencé à écrire ensemble une pièce de théâtre..


  • Propos recueillis par Tony Abdo-Hanna en mars 2019
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