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La Tentation d'exister

mise en scène Christian Mazzuchini

: Genèse du spectacle

Il y a trois ans de cela, au soir de la première de Jésus de Marseille de Serge Valletti, au Théâtre des Salins à Martigues, une jeune femme est venue me voir après le spectacle et m’a tendue un livre et un CD avec ces mots : « Tiens c’est un cadeau, il faut que tu montes ça, c’est fait pour toi. »
Je bénis encore ce geste depuis. Le « ça » dont elle parlait n’était autre qu’ Anachronisme de Christophe Tarkos, et un CD de lecture et d’impros de l’auteur lui-même.
Je n’avais jamais entendu parler de Christophe Tarkos, je vais donc le faire, même si c’est de manière quelque peu réductrice en regard à son oeuvre.


Tarkos est né à Marseille en 1963, et est décédé le 29 novembre 2004 à l’âge de 41 ans.
Malgré tout son oeuvre est assez colossale. Il faudra plusieurs années encore pour offrir ses oeuvres complètes au public.
« Je n’existe pas. Je fabrique des poèmes. », affirme-t-il.
Sa poésie est un acte de déconstruction périlleux qui tente d’aboutir à la libération d’une langue perçue comme aliénée au risque de l’incompréhension et du mutisme. Formidable performer en tant qu’improvisateur génial de sa poésie, il participe au renouvellement de la poésie en France.


Si le sentiment de « nouveau » s’impose, c’est avec la force de l’évidence. Mais rien ne rend raison de cette évidence. Car si sensation il y a d’un phénomène neuf, c’est précisément parce qu’il rend obsolètes les codes de lectures anciens.


Ce travail de langue repose dans son oeuvre sur un passage à la limite, fruit d’un travail de rumination minimaliste. Cette rumination correspond à un travail de subversion poétique où les règles instituées éclatent pour donner naissance à une parole autre, un horizon de possibles inusités.


Refusant la connaissance, l’échange propre à l’univers communicationnel capitaliste, Tarkos s’est engagé dans un processus critique qui prend la forme d’une mastication verbale, enfermant volontairement sa langue dans une textualité sans extériorité, sans image.


Il faut croire que ce qu’il invente devance un besoin d’époque. Ca alerte en tout cas ceux qui cherchent une proposition poétique revigorée.


Le trois décembre 2004, Libération annonce que vient de disparaitre le « Héraut de la nouvelle poésie », un nouveau « suicidé de la société ».
C’était presque Rimbaud. C’est déjà Artaud. Rien ne justifie cette référence.


Pas d’auscultation, encore moins de valorisation du malaise ou de la démence dans les textes de Tarkos, et aucun pathos du corps, « la différence, note-t-il entre le poète et le fou : le poète est celui qui arrête le poème.»

Christian Mazzuchini

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