Trois frères vident une maison d’enfance. On ne sait pourquoi mais ce qu’on sait, c’est que chacun trie ce qui lui semble souhaitable de jeter ou de garder. Dans l’amoncellement de cartons, réapparaissent des objets, des jouets, des instruments et rejaillit la légende allemande du Joueur de flûte de Hamelin : un jeune saltimbanque se voit offrir une récompense par le maire de Hamelin si sa musique parvient à libérer la ville des rats. Il y parvient mais la promesse ne sera pas tenue, et l’artiste sera chassé. Alban, Émile et Olivier connaissent bien l’histoire qu’on leur lisait le soir mais aucun n’aura la même version ni la même langue pour la raconter. Le conte s’entremêle aux souvenirs, le non-respect de la parole donnée et ses conséquences ravivent leurs enfances, leurs souffrances. Il est question de trahison, d’humiliation, de vengeance, de la place de l’art et de l’artiste dans notre société. Que reste-t-il en nous des histoires qu’on nous contait ? Qu’ont-elles façonnées ? Jean-Philippe Naas – metteur en scène de la compagnie dijonnaise en attendant…, attentif à la jeunesse et à la place du livre dans la construction de soi, conçoit avec l’auteur Denis Lachaud une pièce sur le lien de l’adulte à son enfance. Sur un plateau nu, au son d’une musique folk et sur le ton de la confidence, chacun délivre sa parole. Ce sont ici trois solitudes, enfances devenues adultes, trois visions du monde, fraternelles mais dissemblables.