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La Résistible Ascension d’Arturo Ui

mise en scène Dominique Pitoiset

: Note d'intention

par Daniel Loayza

Rire de tout ? Même du fascisme ? Exilé, Brecht continue son combat comme il peut, avec ses armes de dramaturge engagé. Dès 1934, il a songé à une satire sur l’ascension de Hitler au pouvoir. L’ombre de Shakespeare et de son Richard III ne sont pas loin. Mais comme le disait Marx, quand l’Histoire se répète, elle le fait sur le mode comique ou satirique. Richard III s’empare du trône avec une brutalité qui n’exclut pas l’intelligence ; Arturo, lui, est un assassin et un chef de bande à qui un comédien devra donner des leçons de maintien pour qu’il puisse s’adresser au peuple...



Brecht s’amuse à suivre de très loin le canevas shakes- pearien, mais pour mieux « détruire » en nous « le respect habituel devant les grands tueurs ». Des grands gestes, des grands mots somptueux de la Renaissance, il ne reste plus que des haillons couvrant à peine la nudité des jeux de pouvoir. Le nazisme, de ce point de vue, n’est qu’un avatar de plus, particulièrement sinistre, de la guerre à outrance de l’homme contre l’homme, cette guerre que Brecht a dénoncée tout au long de sa carrière. S’il y a rire, il est donc glaçant. Et mettre en scène La Résistible Ascension ici et maintenant – en France en 2017 –, ce n’est surtout pas monter une production historique, surtout pas mettre l’intrigue à distance de notre époque en réduisant le propos à une simple dénonciation de l’hitlérisme.
C’est plutôt mettre ses pas dans ceux de Brecht et s’attacher à distinguer non seulement Hitler derrière Ui, mais surtout, derrière Hitler, les mécanismes qui rendent possible – y compris aujourd’hui – une telle prise de pouvoir. Il est trop facile de se rassurer en jouant à situer le fascisme derrière nous, quand il menace d’être devant, voire sous notre nez.
Si « le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde », le miroir que nous tend la pièce nous renvoie peut-être, de notre situation, une image plus inquiétante que jamais – et le théâtre a toujours son rôle à jouer dans la dissection de ce ventre-là.
C’est sur une telle conviction que Dominique Pitoiset et Philippe Torreton attaqueront leur travail. Il marque leurs retrouvailles après une première collaboration également engagée : un Cyrano de Bergerac d’une nouveauté radicale, et qui a enthousiasmé les publics deux saisons de suite partout où il est passé.

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