theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « La Plus précieuse des marchandises »

La Plus précieuse des marchandises

mise en scène Charles Tordjman

: Note d’intention

par Charles Tordjman

Jean-Claude Grumberg annonce à l’ouverture de ce livre qu’il s’agit d’un conte. Certes. Il y a une forêt, un homme terrifiant, une chèvre, des chasseurs, une petite fille, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne qui ont grand faim. Et puis il y a un train qui traverse chaque jour la forêt profonde.


Comme tout arrive dans les contes, voilà qu’un jour une petite marchandise tombe du train... Et la peur envahit la forêt.


Comment mettre en scène cette peur... Comment dire la violence de ce train qui la traverse pour une destination dont le lecteur sait qu’il s’agit d’Auschwitz.


Grumberg nous dira à la fin de son récit que rien de cela n’est arrivé. Et cette simple phrase nous sauve de la représentation naturaliste qui serait ici insensée. Il dit que cela n’est pas vrai, que cette histoire n’est pas vraie.


Alors le théâtre qui toujours ment pour de vrai peut y trouver ses marques. Alors on dirait que cette histoire que la guerre étouffe se passe dans une forêt, une forêt de bric et de broc, une forêt pas vraie.


Une fausse forêt habitée par de vrais acteurs qui raconteront cette histoire avec ce qui s’y trouve ; de vraies branches où sont enfouis des restes de l’humanité ; des vraies machines à coudre, une fausse tête de chèvre, un piano démantibulé, un vrai bidon coloré, une paillasse.


Et puis des bouts d’autres morceaux d’un monde disparu.


Et parce que quand le monde explose il faut bien continuer à raconter des histoires fausses ou vraies, les vrais acteurs se feront peur à imaginer, à inventer sa fin et sa disparition. Le piano se mettra à jouer tout seul d’effrayantes symphonies, les machines à coudre deviendront des armes, la chèvre voudra bien donner du lait à qui saura la faire chanter. À l’abri dans une vraie fausse cabane les acteurs inventeront à nouveau un chant de fin du monde et ce sera comme une vraie fausse apocalypse.


Jouer à dire la catastrophe. Chanter le désastre, ce sera le rôle des acteurs.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.