theatre-contemporain.net artcena.fr

La Pesca

+ d'infos sur le texte de Ricardo Bartís
mise en scène Ricardo Bartís

: Entretien avec Ricardo Bartís

Quelle est la part de fiction et de réalité dans votre spectacle La Pesca ?


Ricardo Bartís : Il y a des références au réel, à des rues, des lieux, des histoires, à la politique, et surtout à la pêche, ses obsessions et sa mythologie. Autant d’occasions pour développer un tissu poétique.


Vous alternez des créations collectives et des présentations de textes classiques (Ibsen, Shakespeare, Beckett…). Faites-vous le même théâtre dans les deux cas ?


Il n’y a pas de différence importante. Cependant, l’existence des textes déjà écrits est plus rassurante.


Comment travaillez-vous pour construire vos spectacles ? Votre texte est-il écrit avant les répétitions ?


Il n’y a pas de textes préexistants avant les répétitions. Mais il y a des idées directrices, des situations à développer, des univers thématiques. Ensuite, nous répétons. Ce sont des moments où l’on recherche le tempérament de chaque acteur, les combinaisons de différentes situations, le rapport des corps dans un espace déterminé. Ce que nous pourrions appeler la mélodie scénique. Ce n’est finalement qu’après ce travail que nous avons les textes définitifs.


Faut-il ne plus mettre le récit, la narration au centre de la représentation pour inventer un autre théâtre ?


Le récit est au coeur du théâtre. C’est pour moi une question centrale. Le théâtre qui s’affranchit du récit est un théâtre faible et superficiel.


Dans quelle mesure votre théâtre peut-il être considéré comme un théâtre engagé politiquement ?


Mes pièces constituent certainement un reflet de la société argentine. Mais je ne fais pas un “théâtre politiquement engagé”, et je ne pense pas que le théâtre puisse changer quelque chose concernant la lutte de classes. Ce n’est pas sa fonction.


Pensez-vous encore, comme vous l’avez dit dans une interview, que “Le théâtre est une activité fondamentalement noble” ?


Le théâtre peut être un territoire poétique et le poétique peut être une perception du monde qui sublime le réel. Le réel est alors un geste d’affirmation, une volonté poétique, un acte de création. Le jeu théâtral libère les forces et les énergies. Il rompt avec la notion traditionnelle de personnage, avec ses notions psychologiques, avec l’idée de personnalité. C’est-à-dire qu’il s’attaque à la domination du “moi” et la dilue. C’est à la fois un sentiment de jouissance et de puissance. En ce sens, jouer poursuit le chemin du chamanique, du curatif.


Un théâtre doit-il toujours être un centre permanent de formation de l’acteur ?


Le jeu de l’acteur constitue le récit principal. Il noue le lien avec le spectateur, révèle l’artificiel de notre existence. C’est un modèle avorté de l’humain.


Vous pensez “qu’un monde où le niveau de fiction emprunté à l’art théâtral et au jeu à des fins politiques est en train d’atteindre des proportions insupportables”. Comment peut-on continuer à faire du théâtre d’après-vous ?


Le théâtre, généralement, est un passe-temps sans danger. La plupart du temps ce que l’on peut au moins espérer est un spectacle de bonne tenue. Mais j’insiste pour dire, qu’en règle générale, le théâtre, comme tout art, est un art captif.


Sportivo Teatral est-ce plus une famille qu’un collectif permanent ?


Ni l’un ni l’autre car je considère que ce sont des modèles trop rigides.


Quelle importance accordez-vous au Festival d’Avignon, pour votre travail et pour le théâtre en général ? Les festivals n’ont pas d’importance a priori. Cela dépend de leur histoire et de leurs caractéristiques ainsi que des oeuvres qui y sont présentées. Ce qui est vraiment important c’est de comparer, d’échanger et de regarder.


Propos recueillis par Jean-François Perrier en février 2008

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.