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La Peau d'un fruit

+ d'infos sur le texte de Victor Haïm
mise en scène Anne Bourgeois

: Présentation

[...] RAOUL : Le sabre est en l’air. Je le fais tomber vers le bas, Ziiip ! en coupant l’oxygène et la tête du gars dans la même trajectoire. La caboche du type roule sur le sol, et je remarque – en passant – qu’elle sourit toujours. Et voilà le travail ! [...]


« On apprend que la torture à titre provisionnel vient d’être adoptée par quatorze nouveaux pays de l’hémisphère Sud rejoignant ainsi les vingt-quatre pays de l’hémisphère Nord. Seule la France a affirmé, dans une déclaration officielle, qu’il fallait attendre de voir quel serait le résultat de ces mesures pour juger de l’opportunité de son application sur son territoire. »


Lorsque, vers la fin de 1970, Lucien Attoun découvrit La Peau d’un fruit, il décida, avant de publier le texte, d’en parler, avec chaleur, à la direction du Théâtre de Poche. Etienne Bierry s’enthousiasma pour cette pièce qu’il trouvait violente et lyrique. Vingt ans après, Pierre Santini incarna Raoul Real, au Théâtre du Chêne Noir. Ce fut amusant de noter la réaction de ceux qui avaient découvert la pièce à Paris et la revoyaient à Avignon : ils crurent sincèrement que j’avais adapté la pièce en fonction de nouveaux événements mondiaux. C’était faux évidemment. Je ne fais pas preuve d’opportunisme. Le texte est ici livré – avec ma conviction, mais aussi avec ma réelle modestie d’acteur – tel qu’il fut conçu en 1970 et créé en 1971.
Je ne suis vraiment pas heureux que les tragédies d’Abou Ghraïb et de Guantanamo donnent un relief particulier à La Peau d’un fruit. J’ai mis toute la distance que m’impose mon goût de la dérision qui passe parfois par un mauvais goût assumé ! Ma vision de la réalité est transfigurée par le drôle d’instrument d’optique qu’est ma plume. Pas de mérite. C’est un tropisme. Sans cette pulsion majeure, le soliloque halluciné de mon fasciste ratiocineur serait réaliste et donc insupportable, comme ces répliques vraies déversées par le petit écran avec une constance consternante. Le théâtre est le domaine de la parole en action. Je revendique ce dogme au moment où les mots sont suspects et le lyrisme honni.


VICTOR HAÏM




Notes d’intention


Je souhaite mêler à l'univers comico-réalistico-violent du personnage principal celui plus abstrait d'un comédien bruiteur qui fera office de partenaire poétique de Victor Haïm.


Mélange des genres…


Un "puissant" homme, terroriste bardé de grenades et réfugié sur un piton rocheux, c'est une image réaliste. Sa paranoïa, qui le pousse à parler tout seul, arrive à le rendre comique. L'arbre dont les branches s'allongent comme par magie, les têtes des cadavres qu'il a décapités qui repoussent comme des glands sur l'arbre, l'oiseau qui guette sa fin probable… sont des éléments poétiques.


Comédie poético-guerrière? Pamphlet sur la société de la violence, la nôtre? Pochade clownesque sur la dictature ? C'est la direction du jeu qui prend en charge la fonction réaliste et menaçante du texte.


L'espace (de Christian et Sarah Radulescu) est une zone abstraite qui nous raconte la montagne par la matière bosselée et ocre de son sol. L'arbre, partenaire de jeu du protagoniste, est manipulé par un comédien-bruiteur (Brock) qui répond à la folie meurtrière de Raoul Réal par l'illustration d'une nature hostile et pensante. Ce deuxième comédien, diabolique machine à jouer pour notre tortionnaire, peut à la fois devenir la conscience souillée de Raoul, l'incarnation d'un dieu qui joue avec lui, ou simplement l'intérieur presque ingénu et inoffensif d'un cerveau tout entier dévoué au mépris de l'homme.


ANNE BOURGEOIS

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