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La Pantoufle

+ d'infos sur le texte de Claude Ponti

: L’histoire

Au début, on ne voit qu’elle. La Pantoufle. Grande comme une voiture, ou une immense baignoire. Tout autour d’elle, il fait noir. Et voilà que de cette pantoufle s’extrait un personnage tout en longueur, étrangement vêtu d’une grenouillère de bébé…Car, manifestement, c’est un adulte. Ce ”Grand Bébé” nous déclare, très fier :
- C’est décidé. Aujourd’hui je sors.
Et, en désignant une toute petite porte qui apparaît faiblement dans le noir :
- Je veux dire : je sors dehors.
Puis, en revenant vers sa pantoufle :
- Là, je suis bien. J’ai toujours été bien... Au début, j’étais petit.
On a grandi ensemble. Mais on va se quitter aujourd’hui. (…) Je suis curieux de savoir si c’est comme je pense de l’autre côté… Et depuis que la porte est apparue, je suis encore plus curieux. Pour le moment cette porte est encore petite, mais elle grandit tout le temps.
Elle sera bientôt à ma taille. Et là, je sors. Je sais beaucoup de choses sur le dehors. J’ai neuf mois déjà et j’ai beaucoup appris…
J’entends, je me souviens, je réfléchis, je pense et j’apprends… Je sais qu’il y a des arbres, des maisons plus grandes que ma pantoufle, du vent, de la pluie, du soleil… Je sais tout ça et beaucoup d’autres choses, parce que j’écoute tout ce qui se passe, je fais attention à tout, j’apprends tout, c’est comme ça que je sais le plus important.
Il attend un moment et répète :
- Je sais le plus important.
Je suis un bébé.
Un beau bébé de neuf mois bien pleins.
Il salue.
Seulement voilà. Une naissance, ça se prépare…
- J’ai pensé à tout. Bien sûr, je ne peux pas sortir comme ça du dedans sans savoir ce qui m’attend dans le dehors, je suis curieux, mais je suis prudent. J’ai essayé des choses, pour voir, pour savoir, j’ai essayé les âges, les sentiments, les émotions, un peu comme des vêtements, pour voir, comme je dis, pour savoir s’ils m’allaient.
Ce qui ressemblait à un chiffon inanimé, abandonné près de la pantoufle, se met soudainement à bouger, à se redresser…
C’est l’Oreiller, l’ami, le “doudou “, le partenaire de tous les jeux, toutes les histoires qui vont alors se répéter devant nous : être vieux, avoir peur (pas trop), faire l’arbre, essayer la mort (c’est trop long), un tremblement de ventre (maman et papa font des galipettes), un chauffard au volant, l’amour merveillissimeux et tristipleurant à la fois…
Quand « Grand Bébé » se sent enfin prêt, tout harnaché de vêtements, nourriture, lampe, parapluie et ustensiles divers, voilà que la porte, qui a grandi au fur et à mesure des démonstrations, refuse de s’ouvrir… Jusqu’à ce que notre personnage accepte de se dépouiller de tout !

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