« Un homme tente de retenir par tous les mots qu’il peut trouver un inconnu qu’il a abordé au coin d’une rue, un soir où il est seul. Il lui parle de son univers. Une banlieue où il pleut, où l’on est étranger, où l’on ne travaille plus ; un monde nocturne qu’il traverse, pour fuir, sans se retourner ; il lui parle de tout et de l’amour comme on ne peut jamais en parler, sauf à un inconnu comme celui-là, un enfant peut-être, silencieux, immobile. »

Voilà ce que dit Bernard-Marie Koltès au sujet de ce texte qui l’a propulsé parmi les plus grands auteurs dramatiques français de la fin du XXe siècle. La nuit juste avant les forêts est un long monologue, curieusement fait d’une seule phrase qui dure soixante-trois pages sans aucune interruption ; une seule phrase qui émet comme un désir sans fin, un espoir de rencontre, un poignant appel à l’autre, inconnu anonyme, étranger qu’avec les mots, on voudrait retenir, ne pas faire fuir.

Bernard-Marie Koltès écrit La nuit juste avant les forêts en 1977, à Paris. Il le met en scène avec Yves Ferry dans le cadre du Festival Off d’Avignon. Depuis, ce texte n’a cessé d’être mis en scène de son vivant et il lui demeure bien après sa mort, de même que bien d’autres de ses grands textes.