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La Nuit de l'ours

+ d'infos sur le texte de Ignacio Del Moral traduit par Rosine Gars
mise en scène Agathe Alexis

: Extraits d’interviews de Ignacio Del Moral

Je puise mon inspiration dans la réalité. Parfois l’inspiration consiste à s’interroger sur ce qui précède ou ce qui suit une information publiée dans un journal ; ou bien elle peut être suscitée par une image, une simple remarque, la lettre d’un lecteur, une conversation banale. Ensuite, les éléments se connectent entre eux.


L’enjeu c’est de faire en sorte que se rencontrent des êtres humains et des situations sans rapport évident. De là naissent les histoires. Prenons l’exemple d’un vieux qui fait la manche dans le métro et d’une femme qui passe une annonce dans le journal et offre une récompense à qui retrouvera son chien. Que se passerait-il si le vieux en question retrouvait le chien ? Il y a là une histoire cachée. Il faut simplement être capable de la voir.
Toutes les histoires qui nous intéressent mettent en scène des personnages qui rencontrent des problèmes et doivent surmonter des obstacles. Les gens veulent pouvoir s’identifier à des personnages qui échouent face à certaines épreuves, mais sortent vainqueurs à d’autres moments. Ce sont des éléments universels, que l’on retrouve aussi bien dans les œuvres occidentales que dans l’opéra chinois ou les épopées classiques.


On doit pouvoir reconnaître les personnages, mais ils doivent en même temps être surprenants. S’ils sont trop étranges, nous nous en désintéresserons. Même s’ils appartiennent au quotidien, ils doivent avoir des traits singuliers qui les rendent uniques, tout en conservant une dimension humaine qui nous les rende proches.


Et l’écrivain de théâtre doit savoir observer le comportement humain et être attentif à la langue qui se parle. La conduite extérieure, ce que dégage quelqu’un plutôt que ce qu’il pense, constitue le ressort fondamental de l’écriture dramatique. Comme dans la vie, on écoute ce que disent les gens, on regarde comment ils bougent, mais on n’entre pas dans leur tête. On déduit ce qu’ils pensent de ce qu’ils disent. Même si le langage sert aussi à masquer les choses, on ne connaît les autres qu’à travers ce qu’ils disent ou montrent.


Les personnages et les relations humaines sont bien plus importants que l’espace et le temps dans l’écriture dramatique. Quand la fable théâtrale perd de vue le personnage, le théâtre entre en crise. Les effets spéciaux ou spectaculaires qui transforment les êtres en fantoches ôtent à l’œuvre toute sa force. On peut bien sûr créer des œuvres expérimentales, mais elles n’auront de valeur que si elles contribuent à élargir et approfondir le point de vue de ce qui me semble être l’essence même de toute dramaturgie : les changements qui se produisent dans la vie des personnages sous le regard des spectateurs qui assistent en tant que témoins à ces moments clés.


Extraits d’interviews par Michèle Sigal

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