: Le Visible... Un sens premier, un premier plan
Une situation
A priori, une simple parenthèse.
Une nuit dans le noir. Un ultime croisement.
Une fin déjà décidée, un épilogue, presqu’une
étape formelle, à l'instar d'un jugement de
divorce. En apparence…
En réalité, pour Duras, c'est beaucoup plus que ça : une veillée funèbre, un rite.
Ils ne s'étaient pas revus. Ils se revoient…
Et se découvrent tous deux détruits, chacun
à sa façon. Dans ce champ crépusculaire, ils
vont pourtant parvenir à rire, à éveiller des
échos de tendresse, à sentir la présence de
cet amour encore si réel. Jusqu'au désir.
En ce sens, c'est leur dernière nuit ensemble.
Un lieu
C'est un huis clos dans un grand hôtel de
province, à la basse saison.
Un salon chic et feutré, suranné, au temps
suspendu. Il y a une tristesse inhérente à ces
endroits chics, à la morte saison, à l'image
d'un barman qui n'en finit pas d'essuyer le
même verre…
C'est un lieu où les étrangers se croisent, où les voyageurs se côtoient. Voilà ce qu'ils sont devenus… Surtout, c'est un lieu de leur mémoire. C'est le lieu où ils ont été heureux. Ils y reviennent comme pour boucler la boucle. Cette cérémonie de deuil est un pèlerinage dans le souvenir..
Un temps
Et puis il y a la nuit.
Cette nuit intime, l'amie de la confidence,
comme si elle seule pouvait recueillir
chaleureusement ce que la lumière du jour
confine à l'ombre et ses murmures.
À la lueur des bougies, ce sont des voix
profondes qui se libèrent, des voix qui
s'étaient tues, perdues coeurs et âmes…
Entre spiritisme et exorcisme, La Musica
prend des accents de Requiem.
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