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Woyzeck - La Mort de Danton - Léonce et Léna

mise en scène Ludovic Lagarde

: Entretien avec Ludovic Lagarde

Comment avez-vous découvert l’oeuvre de Georg Büchner ?


J’ai découvert Büchner à l’école de théâtre, jeune apprenti comédien, lorsque j’avais vingt-cinq ans. Il m’intriguait beaucoup déjà. Avec ce mélange d’engagement politique et d’inventivité de la langue. Un mélange aussi de romantisme dans l’écriture, et de réalisme dans le rapport à l’intime.


Pourquoi présenter ses trois pièces dans un même spectacle ?


Büchner est mort à 23 ans. On peut lire une fulgurance, une rapidité dans son geste d’écriture. J’avais envie, avec ce dispositif, de retrouver la condensation de son mouvement.


Les pièces seront présentées dans leur intégralité ?


Non. De Woyzeck, il ne nous reste que des fragments, car Büchner est mort avant de terminer la pièce. Pour La Mort de Danton, je pense concentrer la pièce sur les scènes intimes et les discours politiques. Léonce et Léna est un texte court. Mais c’est difficile, à ce stade du travail, d’affirmer des choses précises…


Est-ce qu’il y a un point commun aux trois pièces ?


Ce sont trois esthétiques très distinctes. Et c’est justement cela qui m’intéresse. Je voudrais me mettre dans la peau de trois metteurs en scène différents. Et non pas tenter d’unifier l’ensemble avec une seule forme. Je pense à ces films italiens des années soixante, qui réunissaient dans un même film des moyens métrages de plusieurs réalisateurs, comme par exemple Boccace 70 ou Les Nouvelles Histoires extraordinaires d’après Edgar Poe. Je m’en inspire.
En revanche, si on cherche des points communs, je dirais que le thème majeur est celui de l’émancipation dans les champs social, politique et amoureux. Avec de fortes figures féminines, si on y pense, pour l’époque. Le personnage de Marie, dans Woyzeck, est très beau. Il y a chez elle un désir d’émancipation frappant. Marie veut être libre et va en payer le prix. Dans Danton, les femmes, Julie, Marion et Lucile, sont engagées, fortes et aimantes. Léna aussi a une belle complexité, dans sa volonté d’échapper aux institutions de la famille, du mariage et du pouvoir.


Allez-vous explorer certaines influences artistiques précises ?


Comme je le disais, c’est difficile, à ce stade du travail, d’affirmer de véritables éléments. Nous en sommes au début de la réflexion. Pour Woyzeck, je pense aller dans un imaginaire très moderne lié aux dispositifs sophistiqués de surveillance dans nos sociétés contemporaines. Peut-être que, comme dans Massacre, nous utiliserons la vidéo en direct. Je pense aussi au cinéma, et en particulier aux techniques de montage. La musique sera présente, avec en mémoire l’opéra de Berg tiré de la pièce de Büchner. Pour La Mort de Danton, je garde imprimé dans mon esprit le film d’Andrzej Wajda sur Danton. Il y a quelque chose de l’ordre du théâtre intime, vériste. Je fais aussi le lien avec certains films de la nouvelle vague, qui traitaient d’amour et de politique. J’ai été très marqué, en travaillant sur Sarah Kane, de comprendre qu’elle avait fait des liens forts entre Léonce et Léna et sa pièce L’Amour de Phèdre. Cela m’a éclairé sur une vision très contemporaine de la pièce que j’ai envie de poursuivre. Mais encore une fois, tout reste à faire…

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