Un théâtre qui s’inscrit dans la tradition sociale et humaine du cinéma anglais.

Une certaine vision du monde européen.

Charles est propriétaire d’un pub dans un quartier populaire de Londres, fréquenté par des “naufragés” de la vie. Il apprend la mort de sa femme avec une sorte de malaise, un sentiment de culpabilité, sans savoir comment réagir. Un soir, il rencontre Lucy, une jeune femme aussi désaxée que lui, qui travaille dans un club et quitte son poste pour travailler comme serveuse chez lui. Lorsque son ex-amant et ex-patron revient lui demander des comptes, Lucy le frappe et le tue. Ce passage au meurtre, dont Charles est le témoin silencieux, les unit dans une complicité qui va accélérer leur chute… Joe Penhall comme Sarah Kane ou Mark Ravenhill trouve ses sujets dans les faits divers des journaux populaires et à partir de ces matériaux de réalité, propose une vision entièrement personnelle de la “crise”, sans jamais en imposer une interprétation didactique. La Mort au coin du barest une vision sociale du déséquilibre de la société moderne, du décalage qui se creuse entre la “normalité” et la “marge” mais dans un style qui ne s’inscrit pas dans une esthétique naturaliste. Même si l’action de la pièce se situe dans l’Angleterre d’aujourd’hui, l’universalité de son propos élargit le cadre du pub londonien à une certaine vision du monde européen, celle de l’auteur. Un des enjeux de la mise en scène sera de montrer le déséquilibre entre les deux personnages principaux Charles et Lucy, deux “misfits”, deux désaxés, qui tous les deux veulent savoir “pourquoi?” mais répondent systématiquement “je ne sais pas”.

Thierry Lavat