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La Meilleure part des hommes

mise en scène Pauline Bureau

: Fragment

Docteur Jean Philippe Laporte
À Vienne, en 1872, le Docteur Moritz Kaposi diagnostique une certaine maladie de la peau, le sarcome qui porte son nom. Cinq hommes mûrs sont touchés. À Naples, dix ans plus tard, le docteur Amicis en décrit douze cas.
Le docteur Francis Peyton Rous, en 1911, parle d'un rétrovirus. Il a vingt-cinq ans, il est marin. Il meurt en 1959 à Manchester, avec pneumonie, infection à cytomégalovirus, fissure anale et sarcome de Kaposi. En 1969, aux États-Unis, un adolescent de quinze ans meurt à l'hôpital de Saint Louis, dans le Missouri d'une forme particulièrement violente de maladie de Kaposi. Un test VIH est effectué par des chercheurs de l’université Tullane qui détectent la présence du VIH-1 dans le sang de l'adolescent. Lors de son entretien avec les médecins, le garçon avait déclaré être né à Saint Louis et n'avoir jamais voyagé ou reçu de transfusion sanguine. Les médecins soupçonnaient le garçon d'être un prostitué, ce qui soutiendrait la thèse d'une contamination sexuelle et impliquerait l'existence d'un cas préalable aux États-Unis.
En 1976, un matelot norvégien, sa femme et leur fille de neuf ans meurent des suites du sida. Le matelot avait présenté les premiers signes d'infections dès 1966, soit quatre ans après avoir séjourné dans des ports le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest.
En 1977, un chirurgien danois, le docteur Grethe Rask, décède des suites du sida, après avoir séjourné au Congo dans les années 1970.
Cela, évidemment, on ne le savait pas.


Un journaliste
Pour vous, le virus apparaît quand ?


Docteur Jean-Philippe Laporte
Officiellement, c'est le 5 juin 1981 que commence l'épidémie de Sida. Ce jour-là le, CDC, Centres de prévention et de contrôle des maladies, basé à Atlanta, note dans sa revue Mobidity and Mortality Weekly Report une recrudescence de cas de pneumocystose chez cinq hommes homosexuels à Los Angeles. Dans les mois qui suivent, de plus en plus de cas sont recensés dans plusieurs autres villes du pays et il est noté chez plusieurs de ces personnes un état d'immunodépression.
Nombre de patients ont eu de nombreuses relations sexuelles et il est suggéré en juin 1982 qu'un agent infectieux transmis sexuellement pourrait être la cause de cette immunodépression, mais rien n'est vraiment sûr à ce moment.
Comme les premiers malades sont exclusivement homosexuels, le syndrome est appelé par certains le gay-related immunodeficiency disease, mais les autorités sanitaires se rendent compte rapidement que d'autres personnes sont touchées, comme les hémophiles, les usagers de drogues par injection intraveineuse hétérosexuels, ou encore des immigrants haïtiens.


Un journaliste
Et en France?


Jean-Philippe Laporte
La première fois qu'on en entend parler, je veux dire sérieusement, c'est en 1981, cela faisait quelque temps qu’on en parlait aux États-Unis. On était en pleine victoire de Mitterrand.
Les choses, des fois, progressent dans l'ombre et l'inconscience bien avant leur apparition, et leur prolifération, soudaine, terrible, incontrôlable, n'est que l'effet décuplé d'un puissant serpentement dans l'obscurité la plus totale, des années auparavant.

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