L’avocat américain d’origine polonaise Raphaël Lemkin fait antichambre devant le Congrès, comme il le fait depuis 1944. Inlassablement, depuis le procès de Nuremberg, il se bat en faveur de l’interdiction universelle du « génocide » ; mot dont il est le père. Il consacre son énergie à convaincre les États-Unis de ratifier la convention pour la prévention et la répression « du crime sans nom ».
Lorsque la pièce débute, Lemkin vient d’être éconduit une fois de plus. On lui conseille de prendre sa retraite, de faire des mots croisés et de cesser d’enquiquiner les sénateurs. Mais Lemkin est hanté par ces victimes qui réclament justice. Sa maison est ouverte à tous vents, s’y croisent morts et vivants, rescapés et bourreaux. À cinquante ans, Raphaël Lemkin qui a consacré sa vie aux autres, est toujours célibataire, au grand dam du fantôme de sa mère juive qui n’a de cesse de lui trouver une épouse. Cette jeune Tutsie, qui vient chercher refuge tandis qu’on massacre son peuple ou alors cette femme bosniaque détenue dans un camp ? Entre rêve et réalité, La maison de Lemkin tangue, telle une arche de Noé sur les flots de l’indignité.