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La Honte


: Présentation

Un professeur d’université d’une cinquantaine d’années couche un soir avec une de ses doctorantes venue à son domicile poser des questions sur sa thèse. Pas de contrainte physique de la part du professeur, pas de refus clair de la part de l’étudiante. Nous assistons tous à la scène : mais voyons-nous tous la même chose ? Après quelques semaines, l’étudiante signale à l’université un « comportement inapproprié. » Plus tard, elle parlera de viol. Le silence de l’université suscite un tel tollé qu’est mise en place une commission disciplinaire publique, animée par deux professeurs. Ainsi nous sommes embarqués, d’interrogatoires en débats et en plaidoiries, dans un étrange procès électrique, foutraque et poignant, où les certitudes se fissurent, où la justice semble s’inventer devant nous, où la révolte cherche sa voix.




Note d’intentions Ce qui m’attire d’abord dans le travail de François Hien, c’est le refus du choix d’un camp, et la mise en scène d’une parole qui se cherche. De ses deux protagonistes et de leurs deux « juges », aucun n’est préparé pour cet étalage public. Son théâtre est dans la pudeur ou l’impudeur de cette mise à nu, dans la façon dont ces quatre là tentent de prendre position. Le terrain est miné, derrière chaque mot et chaque geste se révèle un angle mort de notre pensée, un formatage culturel profond qui charpente à notre insu nos relations de pouvoir, nos gestes de séduction, notre rapport au consentement – celui de l’autre et le nôtre propre. Pas étonnant qu’il soulève chez ses lecteurs, tous sexes confondus, des réactions passionnément opposées. C’est qu’au fil de ce déballage, fait de violence et de délicatesse, nous avons tous l’occasion de faire notre traversée du miroir, de nous reconnaître intimement comme victimes, bourreaux, voyeurs, et / ou juges. Dans une alternance de scènes de fiction vues depuis la salle obscure, et de moments de débats toutes lumières allumées, les spectateurs sont remués, pris à partie. « On est quelqu’un tous ensemble », disait du théâtre l’actrice dans L’Echange de Claudel. Ensemble, oui, mais pas pour une messe : ensemble pour nous affronter, ou pour que s’affrontent en nous le poids d’un ordre ancien, l’espoir d’une évolution en douceur, et le désir de renverser la table.

Jean-Christophe Blondel

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