Une forêt, un lac. C’est l’automne. Quelqu’un nage dans une forêt. Mais qui est le nageur ? Celui qui parle, celui à qui l’on s’adresse ou quelqu’un d’autre ? Quoi de plus inquiétant que de nager à la tombée de la nuit dans une eau sombre au cœur d’une forêt en automne ?
« Un automne que l’on devine doux, lumineux, traversé par des figures emblématiques : un chasseur, une enfant aux boucles blondes... Le temps est suspendu jusqu'à l'extrême, un temps à la fois présent et immémorial. Un conte moderne donc, avec le souvenir entêtant d'une comptine, et au fil des mots, réminiscence cruelle (…). Les textes de Frédéric Vossier, écrit Christophe Pellet dans l’avant-propos sur la pièce, sont des puzzles terribles qui se reconstituent sous nos yeux. Ils dévoilent la barbarie: la barbarie née de fantasmes, d'un aveuglement, d'un abandon, de la peur, de la rumeur, des envies...  »

Au cœur de la forêt de Frédéric Vossier, c’est du silence et de la pénombre que les mots émergent et prennent corps. A tâtons. Figures et formes se fondent et se confondent au seuil du féminin et du masculin. Une menace est là, sourde et diluée, invisible tant la forêt est belle et accueillante. Dans un tel paysage aux contours apaisés, on s’étonne que la violence puisse surgir, qu’un son, qu’un regard, qu’un geste puisse encore faire violence et rendre muette la parole. Et l’agression se déréalise tant l’oppression est entachée du fantasme. La réalité se dérobe et se drape dans l’étoffe frêle et si peu masquée du conte.