: Note de mise en scène
Toute la vie humaine est là, avec ce mélange de mesquinerie ridicule et de sublime. Ce récit
d’amour fou digne des plus grands mélodrames va basculer dans la drôlerie notamment grâce
à certains personnages comme ce détective maladroit que l’on verrait bien interprété par
Peter Sellers.
Dès le début de notre histoire, Maurice et Sarah sont dans cet état d’excitation, de douleur,
d’enthousiasme presque névrotique parce qu’ils sont fous l’un de l’autre, parce que c’est la
guerre mais surtout parce que leur amour est contrarié. Les voilà dans ces zones de
souffrances dont nous parle Léon Bloy dans la citation mise en exergue dans la préface du
roman. « L’homme a des endroits de son pauvre coeur qui n’existent pas encore et où la
douleur pénètre pour qu’ils soient. » Et ce que semble nous dire Léon Bloy et Graham Greene
avec lui, c’est que cela peut arriver au plus rationnel d’entre nous.
Dès le début, le narrateur nous dit que cette histoire est tissée d’amour et de haine. Comme la
lumière et l’ombre, le sublime et le ridicule, le tragique et le drôle, le rationnel et l’irrationnel,
cette dualité se retrouve au sein de la narration elle-même, car Maurice est écrivain et durant
toute l’histoire, il écrit. Est-t-il en train d’inventer ce qui nous est raconté ? Ou nous raconte-t-il
ce qu’il est en train de subir dans sa vie ? Ou bien est-ce les deux à la fois ? Le mélange
détonant de toutes ces contradictions anime notre adaptation et animera la mise en scène qui
cherchera la vérité mais pas le réel.
Une mis en scène « en images »
La mise en scène est centrée autour du souvenir de l’écrivain, pivot de l’histoire. Un bureau,
un fauteuil, deux chaises : nous sommes chez lui. Un jeu de panneaux noirs mobiles, permet
de faire surgir les autres personnages comme autant d’apparitions qui évoluent dans sa
mémoire. Nous ne sommes pas dans la réalité objective mais dans la tête d’un homme qui se
souvient et qui invente, qui crée et qui subit, qui aime et qui déteste , qui ricane et qui espère,
qui croit et ne croit pas.
Cette promenade dans la mémoire, la haine et les fantasmes d’un homme, nous a amené à
proposer une collaboration à Jean-Pierre Lescot. Grand spécialiste du théâtre d’ombres, il va
entourer les personnages de ses projections. Elles constitueront un décor d’images qui
s’animeront parfois en brèves séquences. La musique et le son ressuscitent les climats, les
époques, les sentiments les évènements.
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