Début des années 1950. Le Laos, ancienne colonie française, est supposé être, depuis 1949, un pays autonome et neutre dans la guerre d’Indochine. Mais, de par les accords bilatéraux de coopération, la France y maintient une présence militaire et technique. De sorte que le Laos devient le théâtre d’une guérilla menée contre le Viêt-cong du général Giap par des irréductibles de l’armée coloniale déçus par la politique de Mendès France.
Yedwart Ingey, né au Laos, y a passé son enfance et son adolescence. Arrivé en France à 17 ans il devient acteur et travaille entre autres avec Alain Bezu, Stéphane Braunschweig, Charles Tordjman. Le Prix RFI de la meilleure nouvelle de langue française en 1988 le révèle comme auteur : « Mon père était un de ces Français qui, après la prise de Shanghai par les communistes, se sont retrouvés au Laos. J’ai puisé pour La Fille aux rubans bleus dans les souvenirs et les images de violence, des atrocités de la guerre qui ont baigné mon enfance.
« Cette société coloniale déliquescente, ces militaires que j’ai beaucoup côtoyés, des hommes lâches, veules, brutaux, vulgaires, obéissant aveuglément aux ordres, des femmes qui, dans ce monde dominé par les hommes n’avaient le droit que d’épouser en silence le destin de leurs maris, menant dans un certain luxe une vie facile faite de bals et de coteries, m’ont servi de modèle pour les personnages de la pièce. »