Ici l’action se déroule dans une clinique en Allemagne. Deux femmes tentent de se parler et vont finir par se raconter au delà de leurs expériences, se raconter à elles-mêmes.

De cette rencontre naîtra un dialogue, une amitié profonde, une complicité pour trouver la sortie du cauchemar. Car Dorra, en acceptant cette main tendue va mettre le doigt sur tout ce “ processus ”, sur cette autre forme d’endoctrinement qui répond à la culpabilité d’être en quelque sorte un “ privilégié ” de l’histoire.

Un troisième personnage représente les différents hommes dont il est question dans la pièce. Il interprétera au delà d’une partition purement physique différents personnages, certains hommes des Balkans, le grand père de Kate, l’enfant de Dora ainsi que des personnages symboliques illustrant la représentation de l’univers médiatique et du corps de la femme dans notre société en général.

Sa présence nous interroge à la fois sur le rapport à la famille et à l’hérédité mais aussi sur la place de nos souvenirs, la façon dont nous nous y attachons et dont nous en subissons le poids. Nous abordons ainsi des thèmes divers tels que l’immigration ou la maternité et plus généralement les liens qui nous attachent aux autres, ou qui nous enchainent à un nous-même trop étriqué.

Les trois comédiens sont toujours au plateau et la tension dramatique doit être palpable pendant toute la durée de la pièce. Le spectateur est impliqué en continu dans l’action du jeu et peut être pris à parti.

Si le sujet abordé dans la pièce est difficile à traiter au premier abord, l’écriture de Matéi Visniec et la langue maniée avec brio font toutefois la part belle à l’humour et à l’émotion. On se laisse surprendre à sourire ou à rire et comme souvent, c’est ce qui nous sauve.