: Notes de mise en scène
L’époque de la création de La Farce de Maître Pathelin est charnière, celle d’un
passage d’un théâtre sacré à un théâtre profane. Une nouvelle conception de
l’homme se dégage : celle d’un individu échappant à un idéal et saisi dans sa
complexité et sa vie sociale. Ce théâtre ne s’embarasse pas, il tient tout entier dans
la présence de l’acteur et entretient un rapport décomplexé avec le public qui joue le
jeu.
Dans notre représentation, pas de reconstitution historique du XVème siècle, mais
pourtant le désir d’en rendre compte, comme un hommage aux origines. La
représentation ne commencera pas par la pièce mais par l’évocation par les acteurs
de la dite pièce, de son contexte historique, des conditions dans lesquelles ce
théâtre était joué à l’époque, de ses acteurs peu illustres, mais cruciaux
prédécesseurs. Ils le feront, selon leur profil, avec fougue, érudition, discrétion,
émotion mais tous avec une implication passionnée. On rentrera dans la
représentation de fil en aiguille, forcément par emballement.
Scénographie
Les représentations au Moyen-Âge se tiennent sur de simples tréteaux.
Cette scène surélevée sera la pierre de touche de notre décor. Une scène sur la
scène. On jouera autour et dessus. Dessus on s’y hisse pour le « grand jeu ». C’est
le lieu « du crime », de l’embrouille, du mensonge, de l’imposture.
Au centre de ce plateau surélevé : un trou. Dans ce trou, ce qui est caché : la
marchandise, la coulisse, une fosse à accusé. C’est la trappe. On y passera tous.
Dans cet espace, on est assis au bord du vide comme dans la vie. Ici, on joue avec.
Jeu d’acteurs
Pas emphatique, ni démonstratif. Il ne faut rien enfoncer, il n’y a pas à pousser, ça avance tout seul. Ni pousser, ni abêtir. Les personnages sont loin d’être simplets. Il y a bien des dindons mais pas de naïveté.
La langue
Dans La Farce de Maître Pathelin, c’est elle qui fait avancer l’action. C’est l’action. Elle est colorée, inventive, euphorique. Elle mobilise toutes les forces des personnages. Elle est physique.
Costumes
Jambes gainées, chaussures modernes au bout pointus, vestes contemporaines. Dans l’allure, une « touch » Moyen-Âge dans le bas du corps, sur sa base. Les visages sont blafards, légèrement blanchis, faces de carême.
Musique
Même matériau que la langue : du cri, de la voix, du souffle. Comme le réservoir des forces qui se déploient dans la pièce. Instruments à vent et voix humaines à composer (collage, mixage, superpositions). Quelque chose de désordonné et en même temps de déterminé. La musique tire vers l’ avant la machine à jouer. Elle l’emballe.
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