: Jusqu'à ce que le jour vous sépare
"Jusqu'à ce que le jour vous sépare": une réponse à "La dernière
bande" de Beckett? Une réponse? Plutôt un écho. Un écho tantôt loin,
dans l'espace et aussi dans le temps, tantôt tout près de Monsieur
Krapp, le héros solitaire de la pièce de Samuel B. Un écho tantôt
faible, contradictoire, mutilé, tantôt fort, fortifié, magnifié. Pour cela
j'ose appeler ce monologue–écho, un drame – un très petit drame –
comme "La dernière bande", est un drame, un très grand.
Beckett a achevé, avec cette pièce, la réduction parfaite, nécessaire,
du théâtre, tout en se libérant des restes du symbolisme et des
opinions sur l'existence dans ses autres grandes pièces. "La dernière
bande" incorporise peut-être le point final ou le terminus du théâtre,
d'un pur théâtre. C'est une pièce primaire, essentielle et ludique.
Après Beckett sont arrivés: que nos pièces secondaires, comme par
exemple "Jusqu'à ce que le jour vous sépare" : plus de réduction, plus
d'espace zéro possible – que des traces des égarés (ici : une 1
égarée…)
Mais il fallait, il faut peut-être s'égarer, dans l'intérêt de la scène,
dans l'intérêt du théâtre? Comme je me suis dit un jour : "je vais
résolument m'égarer". Egarés, nous ? Ou embarqués? Egarés et
embarqués ? Comme a écrit Pascal : "nous sommes embarqués !" –
"Echo", si je me rappelle bien, signifie dans la mythologie grecque
aussi une personne, une petite déesse ou une nymphe. (Dictionnaire :
"déesse d'un rang inférieur, qui hantait les bois…") – en tout cas une
voix féminine.
Peter Handke
13 octobre 2008
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