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Accueil de « La Chute »

: Note d’intention

« L’homme qui parle dans La Chute se livre à une confession calculée. Réfugié à Amsterdam dans une ville de canaux et de lumière froide, où il joue à l’ermite et au prophète, cet ancien avocat attend dans un bar douteux des auditeurs complaisants. Il a le coeur moderne, c’est-à-dire qu’il ne peut supporter d’être jugé. Il se dépêche donc de faire son procès mais c’est pour mieux juger les autres. Le miroir dans lequel il se regarde, il finit par le tendre aux autres. Où commence la confession, où l’accusation ? Celui qui parle dans ce lieu fait-il son procès ou celui de son temps ? Est-il un cas particulier ou l’homme du jour ? Une seule vérité en tout cas, dans ce jeu de glace étudié : la douleur, et ce qu'elle promet. » Albert Camus


Le principe de cette adaptation est d’écrire une partition pour un théâtre de proximité, le but du jeu étant d’inviter le spectateur à rentrer dans la bulle de Jean-Baptiste Clamence. Nous voulons faire ce qu’on pourrait appeler du « Café-Théâtre Dramatique », en prenant l’expression « Café-Théâtre » au pied de la lettre et en faisant donc du théâtre dans un café, en mettant en scène un texte fort de la littérature dans un espace de bar ou de cabaret, et donc dans un rapport de grande intimité avec le public. Et justement le décor du récit de Camus est un café.


La Chute nous raconte l’histoire d’un homme seul cherchant dans un bar de nuit d’Amsterdam, le Mexico-City, quelqu’un pour écouter la confession de sa lente descente aux enfers. Tandis que Camus suggère un interlocuteur que Clamence retrouve plusieurs jours de suite, cette adaptation propose un vrai monologue, dans une unité de temps et de lieu ; il n’y a pas d’acteur incarnant l’interlocuteur de Clamence. Ce dernier apparaît comme un homme seul au milieu des spectateurs, égaré, tourmenté, se parlant à lui-même. Le théâtre surgit du public, entre les tables, le texte se faufile dans les oreilles, insidieusement, comme un serpent venimeux.


À plusieurs reprises, le monologue est interrompu par la voix chaude d’une chanteuse de jazz, interprétant a capella quelques standards rendus célèbres par Billie Holliday, Jane Lee, Cassandra Wilson... Par la sensualité de sa voix, elle évoque la chaleur du « quartier rouge » d’Amsterdam. Puis, cette présence féminine rappelle cette inconnue qui a sauté dans la Seine, une nuit, sous les yeux de Clamence, et qu’il n’a pas secourue. La chanteuse, Laïla Amezian, d’origine marocaine, chante un jazz teinté d’orientalisme. Mais surtout, La Chute est l’histoire d’une solitude, et cette voix a capella, chaude et fragile, raconte, en parallèle, comme un écho, une autre solitude.

Benoît Verhaert

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