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La Bonne nouvelle

mise en scène Benoît Lambert

: Simon vu par Emmanuel Vérité

Entretien réalisé dans le cadre du dossier Pièce (dé)montée

Quel rapport entretiens-tu comme on dit avec ton personnage ?


Je ne me sens pas particulièrement proche de lui mais la question n’est pas là. L’acteur doit toujours défendre son personnage même s’il ne pense pas comme lui, même si c’est un « salopard ». Il ne faut pas chercher à montrer qu’on est plus malin que lui. Il est nécessaire au contraire d’essayer de lui donner du crédit en entrant dans sa complexité, ses contradictions. Surtout ne pas le caricaturer. Le texte présente des figures. À charge pour l’acteur de leur donner chair, de les incarner.


Donc à aucun moment vous ne créez de flottement en laissant imaginer que vous parlez en votre nom et pas au nom d’un personnage ?


Pour ma part je n’aime pas le théâtre où l’on fait semblant de faire vrai, le théâtre où l’on joue à jouer qu’on ne joue pas. Je préfère un théâtre où la justesse du jeu est parfaitement assumée. C’est cette justesse qui me donne le plus le sentiment de la réalité. Il faudrait que les spectateurs aient vraiment devant les yeux des cadres repentants. En tant que spectateur, c’est ce que j’aime : qu’on me fasse sortir de mon univers pour me faire entrer dans un autre.


Qui est Simon ?


On ne sait rien de sa vie privée (est-il marié, a-t-il des enfants, a-t-il quitté sa famille pour suivre Patrick?). En revanche on sait qu’il n’est pas un cynique : il a cru sincèrement qu’il était dans le vrai et il a le courage de reconnaître qu’il s’est trompé et de s’arracher à son confort.


Pourquoi est-il celui qui tient le plus à la séquence « Au niveau du vécu » ?


Justement parce qu’il a une claire conscience de la façon dont a pesé sur lui son histoire familiale. Il a subi le déterminisme de sa famille catholique de droite et quand ses yeux se dessillent il va s’arracher à ce déterminisme. Et c’est parce que cet arrachement ne va pas de soi qu’il est un personnage intéressant. Certes les personnages de la pièce ne sont pas seuls et sont portés par le groupe (et par Patrick) mais il n’empêche qu’ils essaient tous de retrouver du sens à leur vie et qu’ils ont tous la force d’opérer une rupture radicale avec ce qu’ils étaient avant. Et c’est le geste même de cette rupture qui importe plus que ce qu’ils vont trouver après. On ne sait pas trop quel genre de relation ils entretiennent avec ce personnage un peu inquiétant qu’est Patrick mais peu importe... Le texte n’apporte pas de solution. À chaque spectateur de l’imaginer.


Est-ce qu’il est compliqué de jouer dans une pièce où la partition de l’acteur est plurielle (puisqu’ils jouent à la fois leur personnage de repentant, leur saynète, celles des autres et qu’ils sont en permanence en interaction avec le groupe) ?


C’est intéressant et jubilatoire car cette discontinuité empêche de rentrer dans une cohérence psychologique qui n’aurait rien à voir avec la complexité du vivant.


Pourquoi avoir gommé en grande partie la référence télévisuelle ?


Parce qu’elle risquait de nous entraîner dans des clichés. À présent le show a encore lieu mais de manière décalée : les musiques, les jingles seront toujours présents mais ce ne sera pas ceux de la TV par exemple. L’important en art comme dans la vie c’est d’arriver à se « déplacer » !


(Entretien réalisé en septembre 2016)

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