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L'Une de l'autre

+ d'infos sur le texte de Nadia Xerri-L
mise en scène Nadia Xerri-L

: Présentation

Vous jouez de tout trop sérieusement et c’est cela qui est dangereux.
Mademoiselle Julie d’August Strindberg


Tu sais fort bien que tu m’as sauvé la vie, je ne l’oublierai jamais. J’ai en outre l’obligation de te rester fidèle éternellement à cause de ce que tu as fait pour moi.
Lettres à Théo de Vincent Van Gogh


L’une de l’autre – la pièce


Il y a Dahlia et Lila - deux sœurs incisives et différentes de vingt-cinq et vingt-deux ans – presque femmes et qui n’ont plus de parents.
Elles se retrouvent, ce soir-là, autour des affaires dont elles viennent d’hériter. Ce moment particulier sonne l’heure du bilan – heure de vérité.
Elles se disent tout ce qu’elles ont accumulé, l’une avec l’autre, de souvenirs et de joies. Tout ce qu’elles ont accumulé, l’une contre l’autre, de rancoeurs et de violences. Ce soir-là, elles s’émancipent de leurs rôles d’aînée et de cadette, des carcans qu’ils sont. Et elles se révèlent l’une à l’autre telles qu’en fait elles ne se connaissaient pas.
Mais malgré leurs désirs de fermer à double tour le passé, elles sont gagnées par leur enfance et leur adolescence. Et alors qu’elles sont, en ces instants de mise au point, des héroïnes dramatiques, elles deviennent l’une face à l’autre reines des 400 coups, elles jouent (à leurs jeux d’avant qui n’appartiennent qu’à elles), elles chantent (les chansons qui étaient leurs mots d’ordre), elles dansent (comme les folles qu’elles aimaient être), elles se font le show.
Mais tout de même elles sont venues pour séparer les affaires, pour rompre…


L’une de l’autre comme une exploration de la micro-société qu’est la fraternité ; un espace de frottements entre présent et passé, vivacité et espace poétique du souvenir ; un enserrement de la figure du DUO – forme essentielle de l’amour, de la dépendance, du pouvoir, du jeu et de la danse, et de LA rencontre qui n’arrive pas si souvent.




L’une de l’autre – la mise en scène


Etant auteur et metteur en scène, il m’est crucial d’aborder la mise en scène comme un langage, bien sûr découlant du texte, mais très autonome de lui : un langage à part entière – plastique, sonore et physique.


L’enjeu scénique de L’une de l’autre réside à donner un corps à la fraternité de Dahlia et Lila, à donner chair à leur complicité, leurs souvenirs, leur lutte. Travailler à rendre physiques et non psychologiques les émotions engendrées par ce lien primaire, presque animal.


La mise en scène se construit à la façon d’une danse/duel enlevée – avec joie, entrain et complicité des partenaires. MAIS parfois, tout allant si vite, leurs deux mains ripent et se lâchent. Alors chacune se retrouve seule, à part, la tête qui tourne, livrée à elle-même et prompte à enfin révéler tout ce que le tourbillon a soulevé en elle, a fait rejaillir.


La scénographie travaille la matière de l’enfance et du devenir femme : vêtements-mues, objets-reliques, cadres – photographiques ET de scène. Mais la scénographie travaille ces matières de façon plastique, par delà l’anecdotique et le naturalisme. Et révélée par le travail lumière (qui donne à ressentir l’intimité du lien par une déclinaison du cadre américain), la scénographie prend en charge le chemin d’incarnation que font ces deux êtres : donnant la sensation d’un plateau passant de la 2D à la 3D.


Un travail sonore sur les chansons/mots d’ordre leur donne une véritable place de fil rouge et de matière sensible. Cette matière sonore, nous la traduisons aussi par une présence auditive de tous les bruits d’enfance à la façon proustienne qui font que tout de suite le passé s’affirme, s’impose (plancher qui grince, voix des adultes en bas…)




L’une de l’autre – échos et repères


Avec L’une de l’autre, poursuivant mon approche des structures de l’intime (approche commencée avec Solo d’Ava) je suis très sensible aux créateurs qui traquent incroyablement hautement ces problématiques. Ainsi Antoine d’Agata et son implacable exploration du lien humain dans sa vérité, dans sa crudité, sans aucune fausse pudeur. Ainsi Cindy Sherman et ses glissements sensibles d’un rôle de femme à un autre rôle de femme, sa façon de jouer en demeurant sincère et en cherchant paradoxalement toujours plus à se dévoiler. Et aussi Christian Boltanski en proie au tissage serré du présent et du passé : de l’espace du souvenir, et surtout acteur de l’acte de se souvenir.


Bien sûr, L’une de l’autre étant une exploration de la sororité, le travail d’écriture s’est fait en échos des Trois sœurs de Tchekhov – de leur franchise, parfois assassine, de leurs liens qui les lient trop fort, plus qu’elles ne peuvent le supporter, et dont pourtant elles ne peuvent se dégager.


L’une de l’autre travaillant la matière « enfance », l’œuvre plastique et photographique de la dérangeante et fantasque Loretta Lux nous est un point d’ancrage.


Mais L’une de l’autre étant autant qu’une enquête intime, une expression physique et charnelle du lien sororal, Gaudeamus mis en scène par Lev Dodine demeure un repère idéal en corps, en engagement, en énergie, en fougue, et en désir du jeu.
Et aussi voulant un plateau qui « dégage » - le travail se fait sous l’égide des Armes –chanson de Léo Ferré interprétée par Noir Désir.

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