Dans cette comédie-poursuite, lointainement calquée sur Le Chapeau de paille d'Italie, chacun est séparé : de son frère, de son père, de sa mère ou de sa sœur, et finalement de soi-même. Chacun pourrait être ici un cas clinique, et d'ailleurs, la sœur cadette n'a-t-elle pas demandé elle-même à être enfermée…

On ne sait jamais trop dans cette saga familiale, si la famille cherche à se recomposer ou à répéter sur le mode tragi-comique une première dispute, un premier abandon… A la poursuite de l'unité ou à la poursuite de leur première dispute ? Le frère et la sœur, protagonistes du drame, ne le savent plus très bien non plus. Mais, de manière têtue, ils se rejouent des scènes de leur enfance avec leurs propres enfants pour témoins, qui résoudront eux-mêmes le désordre et la désunion d'une manière surprenante et cocasse, sous le regard averti de leur grand-mère, qui les observe avec amour depuis les étoiles.

Décidément, L'Envolée nous donne toutes les raisons de pleurer sur nous-même et pourtant, elle opère un petit miracle qui est de transformer en jubilation notre destin d'enfant séparé.

Jean-Claude Berutti