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L’Arrêt de bus

+ d'infos sur le texte de Aziz Chouaki
mise en scène Laurent Vacher

: Entretien avec Aziz chouaki

Pouvez-vous nous donner quelques éléments biographiques ?


Aziz chouaki – Je suis né en 1951 à Tizi Rached que ma famille a dû fuir dès que la guerre a éclaté. J’ai donc grandi à El Harrach. Après 1962, j’ai fait mes études secondaires au lycée Abane Ramdane d’El Harrach, puis, à l’Université d’Alger, ma licence d’anglais. J’ai entamé un Magister sur Ulysse de Joyce, qui a beaucoup marqué mon écriture. Mais les événements de 88 m’ont rattrapé, et je n’ai pu terminer ma thèse.


Et professionnellement, que faisiez-vous ?


A.C. – J’ai enseigné l’anglais dans un centre de formation informatique (le C.E.R.L.) de 1975 à 1984, puis à l’Université d’Alger, pendant deux ans. En 1984, à l’ouverture du club de musique Le Triangle à Ryadh el Feth, j’ai été directeur artistique jusqu’à mon départ.


Que s’est-il passé ?


A.C. – Ayant vécu dans le même quartier depuis tout jeune , jusqu’à mon départ, je l’ai vu changer de visage à mesure que l’islamisme montait. A un moment donné, je me suis mis à compter, sur les doigts d’une seule main, les gens qui ne fréquentaient pas la mosquée, c’est là où je me suis dit que quelque chose était en train de changer, je sentais vraiment les poignards dans les regards, je devais représenter le diable pour eux. J’ai commencé à avoir des activités journalistiques en 89, au Nouvel Hebdo. Chaque semaine je publiais une nouvelles, m’inspirant toujours des événements, de l’air du temps, du petit quotidien d’Alger. Puis il ya eu des lettres de menace, et… je suis parti. Quand je suis arrivé en France, mon roman Baya allait être adapté au Théâtre des Amandier à Nanterre, cela m’a donné confiance.


Vous êtes aussi musicien, je crois ?


A.C. – Exact, la musique a été mon premier contact avec l’art. J’ai eu ma première guitare à 14 ans et vers 17 ans, je faisais partie du milieu rock algérois. On jouait sur les places publiques, dans les cabarets, dans les fêtes de village, les bals étudiants, les fêtes municipales : c’était la fêtes des Oranges à Boufarik, la fête des cerises à Miliana, il y avait une sacrée concurrence.


Mais de quelles années parlez-vous ?


A.C. – Mais des années 70 ! Quand je raconte ça, on ne me croit pas… Notre répertoire était très varié, tangos, paso-dobles, bossanovas, tubes français, italiens, anglais. On chantait « yaourt », (c’est-à-dire phonétiquement), le public n’y voyait que du feu. Je me souviens de mes première scènes, un orchestre d’Alger, « Los Mafiosi », deux Italiens, un Français et un Algérien, je remplaçais le guitariste. En fait, j’ai appris la msuqiue grâce aux pieds-noirs qui restaient encore, mais ils sont tous partis dès que Boumedienne a commencé à serrer la vis. A la fin des années 70, je me suis orienté vers le jazz et la composition, on voulait faire évoluer la musique algérienne, l’ouvrir aux courants modernes, à la technologie, au jazz, au rock. C’est grâce à tout ce passif musical que je me suis retrouvé directeur artistique au Triangle, un espace de musique composé de trois clubs, la discothèque, le club oriental et le club de jazz. J’étais responsable de la programmation dans les trois salles : chanteurs, danseuses, groupes de jazz, animations particulières dans la discothèque.


Et la venue à l’écriture ?


A.C. - J’ai d’abord commencé par écrire des poèmes, puis des nouvelles, que j’ai rassemblés en un recueil, Argo, en hommage à Barthes qui comparait la littérature au vaisseau Argo, dont la forme changeait tout le temps alors qu’elle gardait toujours le même nom. L’unique boite d’édition du pays, la SNED et ses censeurs, m’ayant gentiment éconduit, j’ai publié, en 1983, ce recueil à compte d’auteur, 2 000 exemplaires, aux éditions « l’Unité », le journal de l’UNJA. J’ai fait la distribution moi-même, le porte à porte chez les libraires. Fiasco commercial, disons-le, mais succès d’estime, quand même !


Des échos de cette première publication ?


A.C. - Oui, des articles dans la presse, des passages radio, une tentative d’adaptation cinéma d’une des nouvelles, « Ici et maintenant ». Una adaptation musicale par Safy Boutella du poème, « Premier (novembre) » en hymne pour le grandiose 30ème anniversaire du premier novembre sur l’esplanade de Ryadh El Fath. C’était un grand moment d’entendre une chorale de plus de cent personnes chanter ce texte devant 40 000 spectateurs. Cet hymne, « Fatah », fait aujourd’hui partie du répertoire de la fanfare républicaine.


Et ensuite, il y a eu Baya ?


A.C. - J’ai terminé ce roman en 86 et il a été publié chez Laphomic en 89.


Entretien publié dans « Algérie Littérature – Action I – l’étoile d’Alger, Aziz Chouaki », Marsa édition, 1998.

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