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L'Architecte

+ d'infos sur le texte de David Greig traduit par Jocelyn Matthew
mise en scène Jocelyn Matthew

: Présentation

A propos de l’Architecte


- Il y avait un camionneur une fois. C’était bien connu. Il conduisait son camion à travers le Sahara et il s’est planté…tout droit dans un arbre.
- Je pensais qu’il n’y avait pas d’arbres dans le Sahara.
- Un seul. C’est ça le truc. Il se plante dans l’arbre le plus isolé du monde. Rien que du vide et du sable pour des milliers de kilomètres à la ronde et il y a cet arbre et il se plante dedans. Se tue. Tue l’arbre.


Vingt ans après sa construction, le comité de résidents d’une cité de banlieue – un projet architectural considéré comme visionnaire à l’époque - cherche le soutien de l’architecte pour revendiquer la démolition de cette même cité, devenue inhabitable.
Léo Black, la cinquantaine, se trouve face à ce dilemme : défendre son idée, son oeuvre, ou bien reconnaître l’échec de sa construction et accepter – voire militer pour - la démolition de la chose la plus importante qu’il ait construite de sa vie.
A la maison, c’est sa famille qui implose : sa femme Paulina Black névrotique qui rêve d’un environnement immaculé, son fils Martin Black qui fréquente les pissotières pour homme pendant la nuit, ivre de besoin d’amour mais incapable de le vivre, sa fille Dorothy Black – secrétaire dans l’entreprise familiale - quis ‘échappe la nuit en stop pour oublier le déclin du père.
Né en 1969, David Greig vit à Glasgow. Il y a dans son théâtre la force d’un authentique questionnement politique, la plume acérée, viscérale et paradoxalement drôle que pouvait avoir un Harold Pinter à ses débuts. Sans concession aucune, il prend le pouls d’un noyau familial à l’endroit le plus humain, le plus troublé de sa détresse, et dresse le portrait d’un homme face au bilan de sa vie. Qu’a-t-il construit au juste, comme édifice ? comme famille ?
Greig construit son drame (sa comédie tragique ?) alternant scènes dialoguées et images instantanées :l’attente dans les toilettes publiques, les camions qui passent au bord de l’autoroute, un garçon qui se suspend dans le vide du toit d’une tour d’habitation . . . Il crée ainsi une impression quasi cinématographique qui peut faire penser à du Ken Loach ou à Claire Denis . Cette manière de structurer la narration joue intensément sur l’espace (49 scènes dans 20 lieux différents), et nous amène à travailler avec des photos surdimensionnées, de la vidéo en direct, des écrans mobiles qui confondent et contrastent les images, qui mettent en vie et font basculer les perspectives.
Découvrir le travail d’un auteur à ce point juste dans son propos, sa construction dramaturgique, son langage, est une jubilation, comme celle de découvrir une nouvelle cuisine où les plats ne cessent de mettre en émoi nos papilles gustatives. Chaque bouchée est un délice et donne à la fois envie de la prochaine. David Greig mélange le salé, le sucré, l’amer et l’âcre avec une telle virtuosité que nous dégustons allègrement, sourire aux lèvres, larmes aux yeux.


Matthew Jocelyn
Juin 2006




Le théâtre de David Greig


Le théâtre de David Greig émerge dans les années 90, marqué par l’influence stylistique d’Howard Baker. Les préoccupations socio-politiques y sont abordées par les paradoxes et la distance ironique, selon les constantes du théâtre britannique de la période. L’originalité réside ici en ce que Greig « procède par détour à des explorations utopiques ». Différentes figures modalisent l’incommunicabilité, la difficulté du contact avec l’autre et la crise identitaire. Le détour passe par la tentation d’un retour vers une édénique nature, par les projections imaginaires, voire mystiques ou spiritualistes. Cependant, l’agencement dramatique donne à voir l’inadéquation de ces formes d’utopies qui font écart avec le temps même de la représentation. Le lieu géographique, mais aussi symbolique et textuel, qu’est l’Ecosse est donné comme une modalisation des paradoxes présents. Une évolution est alors perçue dans le théâtre de Greig :à partir des pièces Cosmonaut ou Airport, des espaces utopiques de communication et un modèle économique d’échanges généralisés apparaissent. La référence à Derrida, revendiquée, cette fois, par le dramaturge, lui-même, permet de lire dans cette production l’avènement d’un don sans contrepartie. De fait, la proposition critique dégage ici Greig de lectures trop naïves, pour entendre dans ce théâtre la force d’un authentique questionnement politique.


Dominique Massonnaud , Une dramaturgie catastrophiste, Acta Fabula, Printemps 2005 (Volume 6 numéro 1),




Note du cinéaste Nicolas Klotz


Les images qui seront projetées dans et sur la scénographie de L’Architecte fonctionneront davantage en tant qu’images de cinéma qu’en tant qu’images vidéo. Elles représenteront l’irruption d’un réel - hors champ de l’écriture de David Greig / hors champ du théâtre – dans l’espace même du plateau. Ces plans, le plus souvent fixes, seront des blocs de durées et de matières, des matériaux d’images et de temps : un immeuble de la banlieue parisienne de 17 étages, intérieurs d’ascenseurs, cages d’escaliers, couloirs, intérieurs d’appartements, hall d’entrée, toits de la cité. Des lieux quotidiens mais aussi des lieux qui développent un caractère fantastique, même obsessionnel. D’autres plans montreront des fragments de lieux urbains résonant avec certains lieux présents dans l’écriture : lumières urbaines, bars, terrain vague, toilettes d’une gare, autoroute, camion… Et peut-être quelques corps – acteurs (ou pas) du spectacle. Je veux élaborer l’ensemble de mon travail comme un work in progress, un laboratoire de filmage qui évoluera au fur et à mesure des lectures et des répétitions. Je compte aussi proposer des matériaux sonores enregistrés par la caméra pendant les prises de vues.


Nicolas Klotz
Janvier2007

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