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L'Instinct de l'instant

+ d'infos sur le texte de Nadia Xerri-L
mise en scène Nadia Xerri-L

: Extraits

François : Mais ras le bol de vous, les dépressifs !!!
Avec les gens de votre espère, il faudrait toujours chuchoter ! Murmurer les fautes faites pas chacun ! Susurrer la colère ! Surtout ne jamais dire ce qu’on pense sans l’avoir avant bien lavé bien repassé et parfaitement rangé dans sa bouche !
Avec vous les peaux toujours à vif, il faudrait sempiternellement avoir le ton façon alcôve !
Mais moi je parle haut !
Moi je m’exprime fort ! (…)


Alma : Tu es épuisant à ne voir que le manque, le trou effondré, l’histoire à moitié vide !
Ce que, là, tu vas vivre c’est mieux qu’en amour un premier rendez-vous !
Vivant, vivant, vivant !
Mais oui ! Toi, tu te souviendras de cette première rencontre avec ton père, alors que moi, comme presque tous, notre première rencontre avec lui est perdue dans les limbes. Je cherche, je cherche, et je ne me souviens pas. (…)
Mais oui, c’est une chance que ton père ne t’ait pas aimé tout cuit – grâce à l’embryon, au ventre qui s’arrondit, à l’accouchement, au premier sourire, et au « pa-pa pa-pa ».
Qui n’aime pas les chatons, les chiots et les lionceaux ? Les petits corps tout chauds blottis dans les bras qui confiants s’abandonnent ? Tout en miniature – pieds mais, et en plus moelleux ? (…)
Parce que toi et lui, vous n’avez pas de crédit d’enfance : vous vous rencontrer maintenant et véritablement vous allez savoir si ou pas vous vous intéressez. Si ou pas vous vous plaisez. (…)


Matthieu : (…) avec le capital image que tu avais, c’est absurde et stupide de n’avoir pas fait de publicités, de consulting télé, même radio, de ne pas avoir monté comme tout le monde ta boîte de coaching en entreprises (…) moi j’aurais été toi (…) Après huit ans de silence, économiquement, il faut que tu le saches, tu ne vaux plus rien !
A part ta photo à la une de l’Equipe pour un numéro « qu’est-ce qu’ils sont devenus ? », tu ne vaux plus rien !
(…) Vous êtes bien français à ne pas vouloir parler d’argent !
Pourtant l’argent, c’est un sujet de discussion comme un autre quand on ne s’est pas vus depuis dix ans au moins et qu’on ne sait pas par quel bout commencer ?
Sinon on peut aussi parler, famille, mariage, divorce, enfants, bons ou pas à l’école, footballeur ou pas comme Papa, on peut aussi se montrer des photos, les commenter, il te ressemble, non, et celui-là dis-moi c’est ta femme tout craché… !
Des photos j’en ai apportées plein, j’en ai toujours sur moi, j’adore mes enfants !
Alice : Il ne faudrait pas oublier le barbecue…
François : Tu y vas Matthieu ?
Matthieu : J’ai compris le message.
Changement de joueur !
Faites entrer le remplaçant !
Jean : Coach, laisse-le nous !
(…)


Dans la chambre où est installé David
Jean : (…) bien sûr, grâce à tes dix ans de coma, on va reparler de toi ! Les anniversaires chiffre rond ça plait toujours ! (…)
Un peu d’argent va de nouveau entrer.
Mais, pense-y bien, si tu te réveilles, ce sera le jackpot !!!
C’est normal, David, le quotidien d’un comateux, ça ne passionne pas les foules !
Une infirmière pour faire ta toilette le matin, ta femme ensuite qui t’habille, déjà il est midi, te hisser debout, t’attacher pour que tu tiennes, pendant deux heures te faire avaler une bouillie très mixée, finir par un petit yaourt que tu vas baver, c’est la sieste, toutes les heures te bouger à cause des escarres, l’arrivée en fin d’après-midi du kiné, lutter contre ton corps qui se rétrécit, t’asseoir dans ta chaise roulante pour que Lison te promène ou juste te fasse prendre l’air, aux premières fraicheurs te rentrer, les enfants qui t’embrassent « salut Papa ! Ca va ? », et puis de nouveau l’infirmière…
Ta vie, David, elle ne fait plus rêver, elle effraye, elle rebute !

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